vendredi 29 janvier 2010

Une page d’histoire

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Les premières fautes d'orthographe remonteraient aux Sumériens, reconnus comme étant les inventeurs de l’écriture.
Le premier mot était semble-t-il truffé d’erreurs.
L’élève responsable fut sermonné et reçut un sévère coup de tablette d’argile derrière la tête.


Les premiers participes passés, quant à eux, furent retrouvés en Mésopotamie.
Ils étaient fossilisés dans le calcaire.


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jeudi 28 janvier 2010

Morceau choisi du jeudi

Puisqu’on s'intéresse aux anglicismes, ces jours-ci:

Le stock lexical natif [de l’anglais] (d’origine anglo-saxonne) est en grande partie monosyllabique, donc léger à manier. De plus, les ressources de la métaphore et de la métonymie prennent le pas sur les formations savantes (pain killer par exemple pour antalgique). D’où un lexique fondamentalement imagé, concret et dépourvu d’opacité. Le français présente les tendances inverses.

[...] il est clair que la structure même de la langue en facilite l’expansion.1

Marina Yaguello, à propos des facteurs internes qui facilitent la prospérité turbulente de l'anglais, dans le collectif «Le français dans tous ses états».



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1 Cerquiglini, Bernard; Corbeil, Jean-Claude et al. Le français dans tous ses états, Champs Flammarion, 2000.

mercredi 27 janvier 2010

Z'actus qui tuent


Fichtre, diantre, lol

Si comme moi, l’étymologie est source de rire, de fascination et de lectures nocturnes répétées (en plus de servir de prétexte pour envoyer des anecdotes plein la galerie lors de soirées en société) (vous ferez sensation, je vous jure) (quoique pas toujours, mais bon, linguistes et pointilleux que nous sommes, nous, au moins, on aime ça l’étymologie, pour notre croissance personnelle et notre culture assoiffée d’abord, et non pas pour tenter d’impressionner minets et minettes qui en sont à leur troisième cosmo/ricard...quoique), vous aimerez ceci.

Bon vite le lien, je me perds en parenthèses, vous comprendrez plus tard :

http://www.francematin.info/Le-dictionnaire-du-francais-oublie_a20561.html

Outre le plaisir que personnellement moi j’aurais à parcourir cet ouvrage, j’eus la pensée suivante : et si, lol, on sensiblisait plus les gens/étudiants/écoliers/journalistes/etc. à utiliser des bonnes vieilles expressions, palsambleu, ventre-saint-gris et diablevert*? Au lieu de laisser des termes ‘people’ contaminants, si, au lieu de s’ouvrir sur l’autre, on se recroquevillait sur notre français outre-18e (siècle, pas arrondissement)? Après tout, une partie de la popularité des anglicismes vient de l’altérité; le même réflexe serait vendeur pour ces bonnes vielles expressions...

Non? Ou c’est encore ma nerditude d’accro aux étymologies qui fait surface? Les jeunes aimeraient ça, non? Ça se texterait des par ma chandelle verte et du patte de gazelle plein le portable, non? Les statuts facebouke exploseraient de sabre de bois et de corneguidouille**...

...Non?


Pas cocon

C’est l’hiver, la saison où, avouez-le, on considère que côté réchauffement climatique, y a encore des progrès à faire. Saison aussi où les chroniques, blogs et autres gugusses écrites incitent au cocooning, c’est-à-dire à rester chez soi en pyjama et approfondir la définition de « rien à fiche » avec une assiduité qui frôle le Nobel. Outre cette non-occupation bienfaisante, notons que ce terme, à prime abord anglois, fait l’objet d’une pittoresque note sur le site de l’Office québécois de la langue française (les mêmes qui vous ont enchanté avec gaminet) :

http://www.oqlf.gouv.qc.ca/actualites/capsules_hebdo/actualites_terminolinguistique/pourquoi_coconnage_20071122.html

(bon faites pas attention au « 20071122 » dans l’url, c’est un bug).


Sur ce, et en attente d’une chute rigolotte, comme disait Renaud***





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*Mes excuses aux daltoniens
**Merci Tinky
***Y a de la culture au mètre carré ici, j’vous jure

mardi 26 janvier 2010

Des godasses à 500 $, trouvez-vous ça dispendieux?


On entend et on utilise souvent certains mots de façon incorrecte, sans même s’en douter. Généralement, c’est que l’erreur est très répandue, « passée dans l’usage » et donc, on croit que le message est compris comme on le souhaite. Mais selon à qui on s’adresse, il est peut-être présomptueux de croire que notre interlocuteur utilise nécessairement notre idiolecte (idiolecte : « (Linguistique) Ensemble des particularités langagières propre à un individu donné. »(1)).

Ainsi, je m’intéresse aujourd’hui à une nuance fine du mot dispendieux, puisqu’elle semble inconnue de nombreuses gens.

Soit les exemples suivants :

« Je ne peux pas m’offrir ces chaussures à 500 $, elles sont beaucoup trop dispendieuses! »,

« Mon amie m’a vendu sa voiture Hyundai Accent 1998 pour la somme de 500 $. Je trouve toutefois que cette voiture est dispendieuse. »,

« Mon amie s’est acheté une voiture neuve pour 35 000 $. Je trouve cette voiture dispendieuse! ».

Selon vous, laquelle de ces trois phrases présenterait un usage inapproprié du terme dispendieux? La deuxième? Parce qu’un voiture à 500 $, c’est une vraie aubaine, me direz-vous?

Avant de vous donner la réponse (dont vous vous doutez maintenant sûrement puisque j’y ai attiré votre attention), allons voir de plus près ce qu’en disent quelques dictionnaires.

Ce qu’en dit Le Petit Robert :
« Qui exige une grande dépense. Synonymes : cher, coûteux, onéreux. »(2)

Jusqu’ici, on n’est pas vraiment plus avancés. C’est quoi exactement, « une grande dépense »? 500 $ en soi, c’est une grande dépense? On pressent que pour des chaussures, oui, mais pour une voiture, non. Pour la voiture à 35 000 $, par contre, on peut dire avec confiance qu’il s’agit là d’une grande dépense. Donc, selon cette définition, notre intuition nous indique que les chaussures et la voiture neuves sont dispendieuses, alors que la voiture à 500 $ ne l’est pas. Pourtant, 500 $, c’est 500 $, non? Comment définir ce qu’est « une grande dépense »? Il semble manquer à cette définition une notion de ‘par rapport à ce qu’on s’attend à payer’, plus ou moins. Personnellement, je trouve que cette définition du Petit Robert est bien nébuleuse (ou incomplète). Mais poursuivons…

Ce qu’en dit Le Petit Larousse :
« (Litt.) Qui occasionne beaucoup de dépenses. »(1) (utilisation littéraire : « mot que l’on rencontre surtout dans les textes écrits »(1))

Bon, ici, déjà une nuance commence à se dessiner. On peut en effet dire qu’une voiture occasionne beaucoup de dépenses (il faut dépenser pour la garder en bon état, pour se procurer son carburant, etc.). Mais peut-on vraisemblablement dire qu’une paire de souliers occasionne des dépenses? Outre l’achat initial des godasses (avouez que godasses, pour des pompes à 500 $, c’est étrange, non? – encore là matière à capsule, peut être? : « quelles sont les nuances sémantiques parmi les différents synonymes de vestiments pédestres »!)… Euh, je disais donc : outre l’achat initial des chaussures et, si on pousse un peu la chose, outre (peut être!) l’achat de quelques produits pour lustrer, nettoyer ou imperméabiliser lesdites chaussures, aucuns autres frais (et hop! on a de la suite dans les idées n’est-ce pas? si vous doutez de l’accord de aucuns, retournez lire ma capsule de la semaine dernière – et vive l’autopromotion!) ne devraient être engagés pour les chaussures. Verdict : les godasses, même à 500 $, ne sont donc pas dispendieuses. Mais mais mais… que sont-elles, dans ce cas?

Ce qu’en dit le Multidictionnaire :
« (Litt.) Qui entraîne beaucoup de dépenses. SYN. coûteux, onéreux.
NB : L’emploi de cet adjectif est courant au Québec, mais il est vieilli ou littéraire dans le reste de la francophonie.
NB : Ne pas confondre avec l’adjectif cher, d’un prix élevé. »(3)

Et voilà! Le gentil Multi nous éclaircit tout ça! Les chaussures à 500 $ n’étaient donc pas dispendieuses, mais chères! Et la voiture neuve à 35 000 $ est chère elle aussi, mais elle ne devrait vraisemblablement pas devenir particulièrement dispendieuse (sinon un peu quand même) avant quelques années.

Voici d’ailleurs ce que nous dit le Multi du mot cher, dans l’acception qui nous intéresse :
« Qui coûte beaucoup d’argent. »(3)

Ainsi, ma voiture à 500 $ n’était absolument pas chère, mais demeure dispendieuse (je vous montrerai les factures de réparation et d’entretien, à témoin). Pour dire vrai, elle devient de plus en plus dispendieuse au fil des années. Il faudra d’ailleurs sûrement que je songe à m’en acheter une neuve (donc une qui soit chère, malheureusement) bientôt. Parce que fatalement : si elle est chère (mais surtout neuve donc), elle ne devrait plus être dispendieuse… du moins pour quelques années.


(1) [Le Petit Larousse illustré, édition 1996. Paris.]
(2) [Le nouveau Petit Robert, édition 2004. Paris.]
(3) [DeVillers, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

lundi 25 janvier 2010

La famille lexicale du lundi


Rodomontade et Rodomont!

Le premier nomme les actions et propos du second: bravade, fanfaronnade, vantardise.

Et le second, substantif et adjectif, copiant le nom d'un personnage de l'Arioste, désigne ou qualifie un fier-à-bras, un bravache.


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Source: Le Petit Robert

samedi 23 janvier 2010

Cacographie


Une orthographe en vérité gothique, embarrassée de lettres superflues et de références étymologiques, comme les tours de Notre-Dame sont embarrassées de gargouilles; une orthographe qui sent le grimoire, les officines ténébreuses et le chat fourré. Car c’est au monde grouillant de la bascoche qu’est attribuée cette complication, petit personnel augmentant ses gains en tirant à la ligne, demi-savants étalant leur science illusoire. L’accord est si général contre ces grimauds du grimoire, qui ont transformé «la belle orthographe du XIIe siècle, si nette et si sobre, en une cacographie pédante, hypertrophique et grossière» (Charles Beaulieux), qu’il convient d’y regarder de plus près.

(Caricature du réformisme orthographique du XVIe siècle par Bernard Cerquiglini)

[...] les copistes de la fin du Moyen Âge ont compris que l’écriture est la forme permanente de la langue; offerte à la contemplation: elle requiert du volume, de l’élégance, voire de l’apparat. L’habit latin est un brevet de noblesse.


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Cerquiglini, Bernard; Corbeil, Jean-Claude et al. Le français dans tous ses états, Champs Flammarion, 2000.

Langue et prestige


L’histoire de l’histoire du français nous révèle que, depuis la renaissance, la recherche de la filiation véritable du français donne lieu à des tensions idéologiques pas encore tout à fait éteintes aujourd’hui (voir «Le français ne vient pas du latin», l’ouvrage d’Yves Cortez ou le billet de ce blogue). Les recherches comparatistes d’alors se penchent sur quatre langues candidates à la maternité du français: le latin, le grec, le celte et l’hébreu. Puis on postule, pour régler le problème des différences de structure importantes qui semblent éloigner le latin classique du français moderne, un latin vulgaire dérivant du latin classique, chaînon manquant entre les deux langues.

Si les historiens de la langue se rassemblent, depuis le 19e siècle, autour de la thèse du latin vulgaire comme langue mère du français, les écrits à l’appui de l’origine celte trouvent un soutien marginal continu depuis le 18e, souvent motivé par un sentiment nationaliste:

[...] nous ferons voir que, si l’on excepte un certain nombre de termes relatifs aux lettres, aux arts et aux sciences, termes empruntés par nous au latin, qui les avait lui-même empruntés au grec, la langue française est entièrement originale et nationale, même dans les mots usuels qui lui sont communs avec la langue latine.1

L’argument essentiel de ceux-là pour refuser ce qu’ils appellent «le dogme académique» n’est pourtant pas absurde:

Le moyen d’accueillir sans rire une doctrine d’après laquelle six millions de paysans gaulois, disséminés dans des provinces isolées, se seraient tous entendus, laboureurs, pâtres, bûcherons, mineurs, matelots, sans exception d’une seule contrée, d’une seule vallée, d’un seul village, d’une seule famille, pour oublier tous à la fois leur langue nationale, celle dans laquelle ils nommaient leurs travaux, leurs outils, leurs animaux domestiques, celle qu’ils employaient avec leurs femmes et avec leurs enfants, et se seraient spontanément mis à parler latin, lorsque, de nos jours, sous nos yeux, l’élite de la jeunesse, guidée par les meilleurs professeurs, pâlit sept années sur la langue latine, sans réussir à la parler couramment?2

À cette objection, les historiens de la langue, dont Bernard Cerquiglini, répondent:

[...] le gaulois s’éteignit en Gaule, pour des raisons qui tiennent plus au prestige de la culture romaine (routes, administration, écoles puis le christianisme) qu’à une quelconque coercition […]3

Puissance du prestige culturel encore illustrée plus loin par le cas de conquérants militaires, cette fois, qui renoncent à leur langue adopter celle (le gallo-roman) qu'ils auraient associée à une civilisation supérieure, même en déclin:

L’histoire nous a malheureusement appris que les envahisseurs et les colonisateurs ont coutume de disqualifier la langue des conquis, voire de la faire disparaitre* par le prestige (celtique en Gaule) ou par les armes (langues amérindiennes). Rendus maitres de la Gaule du Nord, les Francs qui avaient [...] la force pour seule culture furent séduits par la civilisation gallo-romane et l’adoptèrent [...].4

(Encore un peu plus tard, l'aristocratie franque devenue gallo-romanophone et finalement bien installée au pouvoir des royaumes du Nord-Ouest, sa façon distincte, parce que germanisée, de causer le gallo-roman aurait été imitée par le peuple. Ainsi, par la force du prestige nouveau de l'élite politique se serait répandue la tendance à laisser tomber les syllabes non accentuées (je simplifie) qui, plus que toute autre spécificité des langues d'Oil, a contribué à faire du français cette langue si singulièrement différente du reste de la famille des langues romanes.)

Invitation à la méditation: «furent séduits par la civilisation gallo-romane et l’adoptèrent». Séduits par la modernité, par le raffinement, par la puissance tranquille de la civilisation maîtresse du monde. Comme cela paraît étrangement plausible aujourd’hui, quand on observe l’inclination presque amoureuse du managériat et du commerce français pour le langage de la Pax Americana.

Allez, soyez pas réac’, quoi!

Le Future, les gars, le Future!!!



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* L’ouvrage applique les rectifications orthographiques.
1 Granier de Cassagnac, Histoire des origines de la langue française, Paris F. Didot, 1872.
2 Idem.
3 Cerquiglini, Bernard; Corbeil, Jean-Claude et al, Le français dans tous ses états, Champs Flammarion, 2000.
4 Idem.

mercredi 20 janvier 2010

Onanwebisme



Vous connaissez ce site - http://www.engrish.com/ - qui recense les pires babaelfisheries commises par des entreprises et des organismes chinois qui ne savent pas causer l’angliche (oui oui, il reste des gens qui savent pas parler l’anglais, imaginez-vous, Google peut bien vouloir s’éjecter de ce pays étrange) et qui le traduisent/adaptent n’importe comment? Assez jouissif en fait (attention : site en anglais).

Puis, en lisant billets et commentaires désopilants, instructifs et enrichissants sur cet autre blogue tellement de qualité que vous en saignerez du nez (et qui, non content d’être fracassement pertinent, a le bon goût d’attirer un prestigieux lectorat** qu’est pas piqué des vers) - http://mauvaizelangue.blogspot.com/2010/01/run.html (1), ou même http://mauvaizelangue.blogspot.com/2010/01/le-bien-perler-et-le-bon-usage-morceaux.html (1) - je me suis demandé s’il existait un site qui, comme Engrish, traiterait des mots anglais disséminés insidieusement et incessamment dans cet Hexagone attendrissant et sans cesse assurément sensible aux questions de langue. Si, si.

Je veux dire, là où chef salad, grappe-fruit et management règnent en masters, j’aurais pensé qu’un Français en France aurait trouvé ça bath et trop lol de faire la categorize et de sampler des pics sur un blog* sur les affichages et tics à l’english tellement made in France.

J’ai trouvé à date ceci : http://coyote-des-neiges.blogspot.com/2007/06/laffichage-londres.html, mais je ne sais pas si y a un site exclusive* pour les mots anglais qui, sous prétexte d’être cool, people et in, remplacent des vrais mots molièresques sans raison autre que pour flasher.

Avouez que ça déchirerait.


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(1) Source : http://mauvaizelangue.blogspot.com/ (ou faites refresh, ca fait pareil). J’ai lu sur xkcd.com qu’un jour, Wiki finirait par s’auto-référencer et que ça ferait imploser Internet. Ceci était une tentative, notre lectorat approchant l’importance de Wikipedia. Peu à peu.

*En anglais dans le texte : veuillez lire avec l’accent anglo-saxon svp.

mardi 19 janvier 2010

Run


En gougueulant «courir», boutique de sport, afin de me renseigner sur la disponibilité du fart rouge, j’ai découvert une page d’accueil rédigée en pur bilingue (rappelez-vous la navrante présentation politique de Trudeau le Jeune).

Fresh News

Onglets supérieurs: Fresh news, Courir TV, Goodies, Shops, Job, Contact.




Par réflexe, je cherche rapidement le bouton «Français». Que Dalle. Poursuite de l’exploration, à gauche de l’écran: Search. On est bien sur un site anglophone. Comment la chose est-elle possible, sachant que je gougueulai un mot français qui n’existe pas en anglais?

Collections: Women, Men, Kids.
Ça continue.




Un site anglais indexé en français, donc. À quoi bon?

Tiens, non: dans les critères de recherche, Style, Marque, Couleur. C’est du français ça non? Quoique Style passe partout mais Couleur, c’est un mot français, y a pas à tergiverser.




Ou suis-je? En quel improbable trou noir linguistique de quelle banlieue galactique du Web?
Je mate un site en franglais.

Encore par réflexe, je pense à formuler une plainte auprès d’un organisme consacré à l’application et au respect des politiques linguistiques en vigueur dans mon pays. Et puis non, c’est trop gros, je me dis que ça n’a pas pu passer, une boutique québécoise qui se moque ainsi des lois linguistiques, impossible.

Une seule explication: c’est un site français... de France.

De fait, en cherchant avec «boutique courir», je retrouve, cette fois, le site Web de la boutique montréalaise homonyme, site rédigé en français, conformément à la Charte de la langue française ainsi qu’à une coutume locale (parfois mise à mal) qui consiste à rédiger les contenus dans la langue d’usage du public cible.

Fresh and cool

Souligner l’anglicisation de la langue des médias, et surtout de celle du travail (et du management), en France, n’a plus rien d’original. Quelle force est à l’œuvre? Certainement pas la nécessité économique, en ce qui concerne la pub: les sites Web de boutiques françaises s’adressent au client français. Et les Français sont traditionnellement plus unilingues que le reste des Européens. D’ailleurs, eût-on visé une clientèle anglophone délocalisée, l’on eût (ouf massacré-je les modes délicats, monsieur Bréa?) plutôt choisi l’anglais que ce créole très cool hyper local de la pub française.

Quelles forces sont à l’oeuvre, donc? L’enthousiasme d’un peuple jadis ostracisé comme vieillot et sclérosé par le libéralisme américain à l’égard de la langue rythmée d’une certaine idée de ce qu’est le modernisme? Une volonté de s’affranchir du complexe d’unilinguisme pathologique? L’assurance pluri-séculaire d’être une nation forte, souveraine et linguistiquement unie, qu’aucune intrusion linguistique massive ne saurait fragiliser?

Il faut reconnaître que le Québec possède une longueur d’avance sur la France en matière de protection linguistique. Ce que vivent aujourd’hui les Français d’ambigüité, dans un contexte récent où petit peuple et petite langue devront apprendre à résister au cœur d’une mer d’anglais-langue-des-affaires mondialisée, nous le vivons à plus humble échelle, de par notre position géographique, depuis la conquête.

French is cool

C’est dans ce contexte que le célèbre linguiste et vulgarisateur français, Claude Hagège, a exprimé son admiration pour la loi 101 lors de son dernier passage au Québec :

La loi 101 québécoise devrait être “exportée” et servir de “modèle” à tous les pays qui veulent défendre et promouvoir leur langue nationale face à l’influence de plus en plus hégémonique de la langue anglo-américaine.

«Le modèle 101», Voir, 3 décembre 2009

Aucun est-il vraiment «toujours» singulier?


Le sujet de la capsule d’aujourd’hui m’a été inspiré par ce panneau publicitaire de la compagnie Fido, panneau que j’ai aperçu dans le métro de Montréal alors que je retournais tranquillement chez moi. Si vous l’observez attentivement, vous y apercevrez un léger graffiti, inscrit en bleu, sur le «s» de aucuns, par quelqu’un qui passait par là et qui s’est senti l’âme d’un correcteur (ou d’une correctrice – mais, si vous me le permettez, je fais partie de ceux (et celles!) qui acceptent sans broncher que, en français, le masculin est «le genre non marqué», tout simplement, n’y voyant là pas même l’ombre d’une considération sexiste; ainsi, j’accepte tout à fait que le masculin inclue le féminin : vous me le pardonnez? – d’ailleurs, je reviendrai peut-être sur le sujet dans le cadre d’une future capsule, qui sait…).




Le problème de ce graffiti, donc, est qu’il a été apposé par un correcteur qui n’en avait cette fois que l’âme, et non les réelles «compétences» linguistiques qu’on aurait pu lui présumer, si je puis m’exprimer ainsi. Et d’apercevoir cette erreur, c’est-à-dire plus exactement l’ajout d’une erreur là où il ne s’en trouvait pas initialement, erreur somme toute assez courante et répandue, eh bien ça m’a fait sourire. C’est pourquoi je me suis permis d’immortaliser la chose pour pouvoir partager mon amusement.

Allons-y de la capsule grammaticale du jour, maintenant qu’est clos ce préambule : oui, le mot aucun doit, en principe, toujours être singulier. «En principe». Si vous connaissez ne serait-ce qu’un peu la langue française et vous souvenez de vos cours de grammaire à l’école, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le français est truffé d’exceptions (qui vous font peut-être grincer des dents?) et présente rarement une règle assez simple pour qu’on puisse trancher sans équivoque sur son application par un «oui toujours» ou «non jamais».

Voici donc le secret de l’exception concernant aucun : il est GÉNÉRALEMENT singulier, sauf dans le cas où il détermine un nom qui ne PEUT PAS être employé au singulier. Comme frais. Ou encore, mais plus rarement, sauf dans le cas où le pluriel du nom donne un sens particulier, qui soit différent du sens singulier. Par exemple, on dira : «je n’ai eu aucunes nouvelles de mon amie depuis un mois», puisqu’on ne dit pas «avoir une nouvelle de quelqu’un», le sens pluriel de nouvelles ayant ici une signification différente du sens singulier d'une nouvelle. Vous me suivez?



Ainsi, ces explications nous laissent comprendre que la deuxième affiche, celle d’Ardène, laquelle arbore fièrement aucunes exceptions pour attirer férocement la clientèle, est, elle, fautive, puisqu’on veut vraisemblablement signifier aux clients que le magasin accepte «zéro exception» quant à l’application du rabais sur les différentes marchandises. Malheureusement, cette pancarte est trop haut perchée (et aussi trop surveillée) pour subir les foudres d’un «graffiteur-correcteur», contrairement à l’annonce de Fido présentée précédemment.

Ce que Grevisse en dit :
«Aucun et nul, marquant la quantité zéro, ne s’emploient généralement qu’au singulier. Ils s’emploient au pluriel, devant des noms qui n’ont pas de singulier ou qui prennent au pluriel un sens particulier.»
[GREVISSE, M. (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris, p. 104.]

Ce que le Petit Robert en dit :
«Aucuns, aucunes s'emploie lorsque le nom qu'il accompagne n'a pas de singulier.»
[Version électronique du Nouveau Petit Robert (1997).]

Ce que Le français au bureau en dit :
«L’adjectif indéfini aucun s’emploie principalement au singulier. Il se met cependant au pluriel avec les noms qui sont toujours au pluriel […]. Aucun se met aussi au pluriel devant un nom qui a un singulier, mais qui est employé dans un contexte où il ne peut être qu’au pluriel.»
[GUILLOTON, N. et H. CAJOLET-LAGANIÈRE (2000). Le français au bureau, 5e édition. Les publications du Québec, p. 319.]

Simple, non? *sourire amusé* Ce qui est moins simple, me direz-vous, c’est de connaître ces mots qui ne s’emploient jamais au singulier. Ils sont rares, en effet, et il serait sûrement relativement facile d’en dresser la liste. C’est donc un plaisir que je me permets de vous laisser tout entier.

lundi 18 janvier 2010

Brèves en bref


Tian da lei pi, pôv con!

Tintin entre enfin dans l’Empire du Milieu et de la Contrefaçon Douteuse par la grande porte. Après plusieurs versions oundeurgraôunde, Tintin sera enfin traduit pour les Chinois. Par un vrai traducteur, s’entend. Et d’après la version d’Hergé, en plus! Oui bon c’est pas demain la veille que Tintin au Pays des Soviets y verra le jour, mais sérieux, un album qui montre pendant quatre planches et plus le hardi reporter se sculpter une hélice (puis une autre) d’avion avec un arbre et un canif, je crois que la Chine s’en remettra. Expérience intéressante de la BD belge qui fait une incursion dans la sphère asiatique déjà conquise par le manga! Après des Spirou « mangafiés », verrons-nous des mangas à l’européenne?

http://www.cyberpresse.ca/arts/livres/bd-et-livres-jeunesse/201001/14/01-939053-tintin-entame-de-nouvelles-aventures-en-chine.php

Google-moi ça

Je me rappelle avoir lu il y a quelques années que Google (vous connaissez?) avait demandé au New York Times de cesser d’utiliser le mot Google en tant que verbe (to google, en français, ben googler, quoi), car l’entreprise considérait qu’elle possédait les droits de propriété intellectuelle et donc que le nom ne faisant pas partie du domaine public. Avec les résultats qu’on connaît.

Échec fracassant de la législation contre l’usage. À bon entendeur...

http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/201001/14/01-939093-google-elu-mot-de-la-decennie.php

Ceci dit, n’est-ce pas le rêve de toute entreprise que de voir son nom ou son produit faire partie du langage courant? N’est-ce pas la pub ultime, de figurer dans le Webster ou le Bob? Des entreprises financent des amphithéâtres, des salles de spectacle, même des locaux d’établissements universitaires (HEC Montréal a la salle Microsoft, le salon Bell et l’armoire à balai Nortel).

Ce qui m’amène à la réflexion suivante : aura-t-on un jour un vocabulaire « sponsorisé »? Si ça marche pour google, twitter et consorts, aura-t-on un jour à McDonaldiser, à Windowsiter son système, à se Blackberriser la gueule, à SNCFiser ses vacances?

« Mais non, vous dites, l’Humain, libre, fort, noble, ne s’abaissera jamais à accepter des sous pour modifier son langage, son être, son identité! »

Vous avez raison. Il le fait déjà gratis.

Vous pouvez être en désaccord avec ce point de vue seulement si vous portez des vêtements qui ne portent pas de logo ou qui ne sont pas identifiables à une marque (et oui, même si cette marque est bio, écolo et équitable, pub is pub).

Go.

mercredi 13 janvier 2010

Le « bien-perler » et le bon usage: morceaux choisis


Au Québec

« Au Québec, chaque fois que les oiseaux volent pas, que la vie est poche et que le ciel est moche, lorsque les chats sont nerveux et les enfants malcommodes, chaque fois que les urgences débordent, que les ponts sont bloqués, que les portes d’ascenseurs coincent, quand le taux des suicides dépasse le taux des décrocheurs et des licenciements, que le niveau de l’eau baisse et que la fréquentation du bingo et des assemblées du PQ est en régression, quand on a usé de tous les atermoiements, étiré tous les délais, épuisé tous les recours, bref, quand on ne peut plus tergiverser, "branler dans le manche" ou "staler" plus longtemps…

Le temps est mur pour lancer une campagne du bon parler français. (...)

Lorsque rien ne va plus, blâmez l’orthographe et la grammaire pour toutes les fautes de la société. »

Jean-Claude Germain, 
allocution présentée dans le cadre des 30 ans de la loi 101


 * * *

Aux États-Unis

« In fact, one of the greatest joys a white person can experience is to catch a grammar mistake in a major publication. Finding one allows a white person to believe that they are better than the writer and the publication since they would have caught the mistake. The more respected the publication, the greater the thrill. If a white person were to catch a mistake in The New Yorker, it would be a sufficient reason for a large party. »

Stuff White People Like

En France

« Des remèdes? Repenser l'enseignement à l'école (moins de grammaire prescriptive, et moins tôt, plus de linguistique descriptive, et plus tard), basculer la dictée de son piédestal (de pair avec les pernicieux concours qui, assimilant abusivement la chair et le vêtement, contribuent à l'y maintenir en cultivant l'aberration et en traquant le digraphisme).

Écouter la voix « clamans in deserto » des linguistes les plus autorisés, anciens et modernes. »

Marc Wilmet, « Décrire ou prescrire », Le français dans tous ses états, p. 60, Champs – Flammarion, 2000.


mercredi 6 janvier 2010

Harry Potter et la post-synchro de la mort maléfique qui tue sa race dans ta gueule


Intérieur, salle de classe, lumière à la chandelle, plan général
McGonagall : Allez, les enfants, retournez dormir!
Scène suivante, extérieur, SOLEIL PÉTANT genre midi, plan américain
Harry, Ron et Hermione : Il reste de l’herbe*?

(Harry Potter et la pierre philosophale)

Extérieur, ensoleillé, plan rapproché
Harry : Nous avons quelque chose que Voldemort n’a pas.
Ron : Ah oui?
Plan en plongée, contre-zoom
Harry : …et qui vaut la peine qu’on se batte… (Fin, générique)

(Harry Potter et l’ordre du phénix)

Chers aminches, chères aminchettes,

Vous l’avez deviné, le post d’aujourd’hui portera sur les adaptations foireuses au cinéma, car nous, fluents bilingues, sommes parfois contraints d’écouter un film en version adaptée parce que minoritaires dans un groupe d’indécrottables monolingues, ou en couple avec une moitié pas si douce et qui « ne veut pas s’escrimer à comprendre », et avec qui la continuité des relations entretenues ne devraient à partir de ce moment que se baser strictement sur des fonctions utilitaires, ce qui, mince alors, nous éloigne de notre propos.

Donc cinoche traduit.

Comme pour la bédé (voir autre post, et non je mets pas de lien, travaillez un peu), l’adaptateur/traducteur doit composer avec de nombreuses contraintes. Non seulement il doit traduire de A à B, mais en plus, il doit le faire selon le dialogue (rappelez-vous les premières minutes d’Astérix et Cléopâtre : les lèvres doivent suivre le texte!). Donc même si le génialissime traducteur trouve la tournure parfaite au mot d’esprit dit par le personnage, même s’il fait un jeu de mot encore plus efficace que la v.o., même si la citation fera école et se trouvera dans tous les biscuits de fortune…ben si les labiales, fricatives et autres occlusionnetées ne marchent pas avec cet imbécile de personnage filmé en gros plan, ca foire. Gros temps**.

Voici comment ça fonctionne : le traducteur écrit les dialogues sur une « bande défilante », qui, comme son nom l’indique avec un à-propos qui nous ébaubit, défilera sous l’image; en studio, le comédien lira cette défilante de telle façon que le texte collera au dialogue (je vous explique pas le minutage, la synchro et tout le bazar, mais laissez-moi vous dire que c’est tout un matos).
Parfois, on peut tricher : les voix off, les plans d’ensemble ou des répliques dites par un personnage dos à la caméra sont plus aisées, plus faciles (et adapter les répliques de HAL dans 2001, non mais ça c’est de la franche rigolade); à l’inverse, on le devine bien, un plan serré ou des lèvres en gros plan, ca demande plus de travail (imaginez si « Rosebud » avait à être rendu par « Plénipotentiaire »).

De plus, notons la contrainte « temps » : ben oui, les traductoches ont des délais de tombée à la con, ça c’est universel. Mais pour une adaptation d’un bloque-beausteure (genre Star Wars, hyyyyyyyyper protégé et confidentiel bicause des fois ça coule sur le Web avant la sortie), et dans un contexte, disons au Québec, ou la loi stipule que TOUTES les salles doivent offrir un film PARTOUT dans la province EN MÊME TEMPS, donc que les camions blindés attendent au studio en tapant du pied à la veille de la sortie, ben ça presse un peu le traducteur en plus de l’équipe technique.

Fait d’ailleurs cocasse : pour Star Wars : La menace fantôme, les comédiens travaillaient avec une version censurée à l’écran. Ils devaient baser leur jeu et leurs intonations sur une version du film en noir et blanc portant en plein milieu la mention CPOYRIGHT LUCASFILMS. Comme quoi même si les traducteurs avaient fait un travail admirable, les comédiens avaient peu de chance de faire autre chose qu’un résultat passablement moyen***. Ah et pour rire, le script du film, en un seul exemplaire, devait passer du traducteur aux techniciens aux comédiens. « Ben faites des photocopies, connards », vous vient spontanément à l’esprit. Ce à quoi j’ajoute que ben je crois bien qu’on y a pensé, mais Lucas (et il est pas le seul, la pratique est courante), pour éviter la diffusion autant du script autant que du film, avait fait tirer ses documents sur du papier rose. Inactinique.

(espace blanc vous donnant le temps de googler ce dernier mot.)

Oui, donc, totalement pas photocopiable. Et le temps de taper au Word? Pas possib’. D’ailleurs, je crois que la loi des droits d’auteur interdit la conversion des scripts en format électronique.
Bref, des heures de plaisir.

Ceci était un préambule. Je voulais donner une idée des conditions dans lesquelles le travail sur lequel je vais joyeusement tapocher est fait, et ce, même si j’abuse des pronoms relatifs dans cette phrase.

Revenons au début : Harry Potter, dans le premier extrait, se fait dire « Go back to your dormitory »; retourne au dortoir. Erreur d’interprétation : retourner au dortoir ne veut pas dire aller dormir, à plus forte raison s’il est midi au soleil tapant (et que le prince des ténèbres veut choper la pierre philosophale, a fortiori). Et les caupains, même si l’adaptateur adaptait au fur et à mesure du film, son erreur est impardonnable : le script comporte les dialogues et les données techniques (plan de caméra, intérieur/extérieur, didascalies diverses); il pouvait difficilement ignorer qu’il est près de midi (et encore moins les sombres desseins du plus sombre encore prince des ténèbres).

Second extrait : Il passe, me dites-vous. Même si c’est la dernière réplique du film, qui accompagne un plan d’ensemble qui contre-zoome vers un avenir qui chante, et qu’on ne sait pas c’est quoi, ce % »&/&?%$! de quelque chose, que Voldemort a pas, et que eux, ils ont, ca passe.

Je dis : non. Beurk.

En anglais : «We have something Voldemort doesn’t : Something worth fighting for ». « On a quelque chose que Voldemort n’a pas : quelque chose qui vaut la peine d’être défendu », ou « une raison de se battre », ou autre variation. Pas un général et public-en-suspens laissant « …et qui vaut la peine qu’on se batte »! Surtout que le zoom est amorcé : on voit plus vraiment les lèvres des personnages, y a de la place pour tricher…sans dire que, nom d’un bordel de zut, c’est la dernière réplique. Alors non mais hein, quoi.

Petite perle en se laissant : Le film A time to kill, vous connaissez? Un mec tue les violeurs de sa fille. À la carabine, dans le palais de justice où les criminels (mais c’est des rednecks pas fins, tant mieux pour eux) vont comparaître. Un procès s’ensuit. Comment, pensez-vous, que le film finit? Mmmh? Le titre en français?

Non coupable.

Sans rire.

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* Je me rappelle pas bien en fait
**Big time
***Par contre, les possibilités de rendre un résultat àch’, elles, furent exponentiellement dodécuplées

mardi 5 janvier 2010

Le français ne vient pas du latin



Nouvelle décennie, nouvelle étymologie : le français ne vient plus du latin, mais d’un italien ancien dont ne subsiste aucune trace écrite.

C’est la thèse défendue par feu Yves Cortez, obscur « passionné par l’étude des langues », dans Le français ne vient pas du latin, publié en 2007 chez L’Harmattan.

Pour étayer son hypothèse (qu’il appelle « découverte » ou « révolution »), Yves Cortez développe sept arguments (qu’il appelle « preuves »), selon une méthodologie discutable (qu’il appelle « rigueur scientifique ») fondée sur la sélection soigneuse des faits compatibles avec l’hypothèse.

Les 7 arguments d’Yves Cortez pour une révision de la filiation du français

1. Le latin est une langue morte dès le premier siècle après J.-C.
2. Le vocabulaire de base des langues romanes n’est pas latin
3. La grammaire des langues romanes n’a rien hérité du latin
4. Les langues évoluent très lentement
5. Toute l’étymologie du français est fantaisiste
6. Les langues romanes sont quasiment identiques
7. L’ancien français est un français « italianisé »

La majorité de ses arguments sont discutés et parfois invalidés dans le cadre du forum ABC de la langue française, apparemment peuplé d’érudits et de linguistes, sauf la question de l’étrange parallèle évolutif des diverses langues romanes (argument no 6).

Le ton émotif et le manque de rigueur de l’argumentation de Cortez discréditent malheureusement certaines questions pertinentes qui occupent encore les historiens de la langue et qui pourraient donner lieu à des découvertes intéressantes.

Sources sûres

L’ouvrage se clôt sur un Appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté tout de gras vêtu, suivi d’un glossaire très « original » et finalement, par une absence retentissante de bibliographie, absence qui boucle cette boucle de suffisance ésotérique initiée par la dédicace : « …pour qu’ils apprennent à se défaire des idées reçues ».

Liens

Le blogue d’Yves Cortez
La langue verte et la cuite (blogue favorable à une révision de la filiation du français)
ABC de la langue française (contre-argumentaire de la thèse d’Yves Cortez)