vendredi 22 octobre 2010

Chrono-nique

(merci Chris Madden pour l'image, www.chrismadden.com.uk)

J’aime bien le site xkcd.com. La preuve que ca prend pas de talent en dessin pour faire des dessins drôles, ou de sujet pour bloguer. Un jour, parut sur ce site, ceci : http://xkcd.com/794/.


Pour ceux z’et celles qui peuvent tenir des soirées entières avec que des répliques de François Pérusse, Louis de Funès ou Denise Bombardier (mais ce qu’on doit s’emm...nuyer dans celles-là*, dont je suis, et comme je suis friand de références semi-obscures, insides et autres beurrées de camembert simili-culturel sur la baguette d’interlocuteurs vaguement impressionnés, je me suis dit qu’effectivement, ce phénomène de référencement doit remonter à avant les Simpsons. De même, certaines expressions surannées ou vieillies ont dû, dans leur heure de gloire, avoir des significations différentes que celles desquelles de dont qu'on les affuble en ce jour d’hui.


Bonne nouvelle, alléchés et alléchants lecteurs : j’en ai trouvé :

Copernic : Bon vieux et attachant Cop’, qui a inventé l’équivalent du moon** en se retournant avant de formuler son « Et pourtant elle tourne, bande de cons »***. Ce geste d’éclat lui a valu une expression populaire qui, on s’en doute, a pris une tournure péjorative (l’Église voulant sans doute le discréditer, les affreux).


Se dédire d’un engagement, d’une parole. J’ai dit que je serais là à 8 h, mais elle m’a posé un Copernic. Isaac doit 30 lires à ma maman et fait semblant d’oublier – Je crois qu’il a coperniqué ta mère, mon vieux.

Pluton : récemment, on a utilisé le terme Plutoniser pour dire qu’on se débarrasse de quelque chose, qu’on rétrograde quelqu’un (en référence au passage de Pluton à la définition d’exoplanète, et non plus de membre full membership du système solaire). Cependant, à l’origine de sa découverte en 1930, donc de son inclusion dans le « solar club », plutoniser avait exactement la définition inverse : s’inclure, et par extension, s’incruster.


On avait organisé une teuf privée, mais cette raclure de Rebecca s’est plutonisée.

Colomb : « cet oeuf de Colomb », comme l’a à peu près dit Greg, a eu droit lui aussi à son expression...mais la nature humaine étant ce qu’elle est, on n’a pas choisi une tournure qui était flatteuse pour le découvreur du Nouveau Monde (après les Vikings et les Élohims). D’ailleurs, comment être flatteur envers un mec qui va se balancer dans le vide sidéral, où la Terre s’arrête?
Arrête de faire le Colomb, sinon je t’en colle une paire. (Notons que Colomb, Colon et Clown ont une proximité amusante, que quelqu’un me prête son dico étymologique, merci, je le rapporte la semaine prochaine).

Le roi Salomon : Oui ben les blagues et les tournures référencées, ça date pas d’hier (Lascaux n’est-elle pas la première BD, l’ancêtre de Jackass 3D?). Aussi le sage et over-pragmatique monarque a-t-il fait l’objet d’une expression soulignant à peine l’incompréhension de ses sujets quand il a fait le coup du bébé en deux :


Prendre au pied de la lettre, obstinément; être obtus (et aimer accessoirement jouer du couteau). Le douanier à la frontière de Judée a ouvert la deuxième bosse de mon chameau, parce qu’il la trouvait suspecte : l’est con comme Salomon çui-là.

Tiens, restons dans le biblique, et jouons un peu : saurez-vous dire à quel savoureux épisode de l’Ancien Testament l’expression suivante réfère-t-elle?


Une nuée de sauterelles vaut mieux que deux anges de la mort qui vont te choper ton premier-né.

Revenons plus près de chez nous, chronologiquement. Certaines spécialités ont des expressions, des termes bien à eux : il est donc naturel qu’une tournure liée à certains corps de métier (d’ailleurs, pourquoi corps?) se développent, et soient incomprises des profanes. Ainsi, les bourreaux et autres exécuteurs, du bon vieux temps où inquisitions et guerres de religion (tiens, j’aurais pu faire un lien avec plus haut, trop tard) les tenaient loin du chômage et des désagréableries qu’ils dispensaient eux-même allègrement, avaient une expression bien à eux :

Ça brûle! (aujourd’hui, on dirait « Ça baigne ») : Ça va Georges? – Oui! On a du travail, on ne meurt pas du scorbut, ça brûle dans l’huile.


Le hic, c’est que quand ils se disaient ça, les gens avaient beau demander ce que ça voulait dire, ils étaient trop occupés à hurler sur un bûcher ou à se faire écarteler pour le dire aux autres.

Tiens, tuons le reste de cohérence et remontons à un dernier exemple sans chronologie aucune : le bon vieux canasson de Troie. Pendant un trop bref instant (entre quand ils ont trouvé le cheval et après l’avoir ramené en ville), on fêtait et se réjouissait :


Recevoir un présent, une récompense après un effort, un siège : Ce cheval de Troie déchire sa race! La preuve qu’on parlera toujours des Troyens comme des gens rusés et pas cons tralalère!
(À noter que cette expression n’a été utilisée qu’une seule fois.)

Bien sûr, des expressions, j’en ai trouvé des tas (notemment un répertoire inépuisable sur le pape Pie VII), mais j’en ai assez fait pour aujourd’hui et en plus j’ai même pas le temps de faire une conclusion.
_____
* oui c’est là que va la parenthèse fermante, avouez que ca vous a titillé. ).
** Se montrer les fesses dans le but de marquer un dédain qui ma foi n’a pas froid aux yeux.

***C'était Galilée? Ah bon. Mais les deux étaient plutôt d'accord, et en plus cet aparté serait apocryphe selon wiki, et si vous voulez bien arrêter de fiche en l'air mes jeux de mots, merci, ça rendrait service.

mardi 12 octobre 2010

Boutez le français hors de France!

Notre langue française, réputée difficile, est défendue en France par les antiquaires et au Québec, par les fonctionnaires. Dans le premier cas, les militants pour sa pérennité sont perçus par les modernes comme des passéistes ombrageux et dans le second, comme des extrémistes politiques. Tout ça pour dire que la protection du français, langue de travail, rencontre les résistances que lʼon sait au coeur de ses anciens bastions, commerce oblige, et lʼon a suffisamment déploré ce fait pour que le rappel soit bref.

Ce que lʼon sait moins, cʼest que le français connaît une expansion fulgurante en tant que langue de travail en Afrique, mais aussi en Asie, au point que le nombre de ses locuteurs, à lʼinstar de la population mondiale, atteint des sommets inédits.

Voilà la nouvelle qui découle de la grande étude réalisée par lʼOrganisation internationale de la francophonie dans La langue française dans le monde, 2010.


____________________________________________

Références

Le Devoir (par Christian Rioux)
Europe1
Actualitté (par Victor de Sepausy)
Le Soleil (par Gilbert Lavoie)
Radio-Canada