vendredi 26 février 2010

Mots du vendredi

Relâche

Prendre (du) relâche. Arrêter momentanément son activité. Un autre à tant d'échecs se tiendrait pour battu, Et se croirait en droit de prendre du relâche (AUGIER, Homme de bien, 1845, pp. 131-132).

Jachère

État d'une terre labourable qu'on laisse reposer temporairement en ne lui faisant pas porter de récolte afin qu'elle produise ensuite abondamment.

Friche

Terre vierge ou (le plus souvent) laissée à l'abandon.

________________________________
Référence: Le TILF

vendredi 19 février 2010

MAJUSCULES et hurlements

___

De nos jours, le plus demeuré des crétins congénitaux connaît la convention: écrire en majuscules correspond à des propos hurlés ou vociférés.

Évidemment, certains contextes ne se prêtent pas à de telles vociférations.



Parfois, par contre, le concepteur ne sait sur quel pied danser, et préfère ne prendre aucune chance.



Le secret est de ne prendre aucune décision irréfléchie.



Si on ne veut pas provoquer de hauts cris.



Merci de votre attention.

La direction

___

jeudi 18 février 2010

Qwerty, Dvorak et Bépo: la suite


Comme le mentionnait Délèque cette semaine, les claviers Qwerty, Azerty et parentèle sont une aberration historique et et une insulte à la notion même d’ergonomie, conçus à une époque reculée afin de ralentir la frappe et d’ainsi épargner une technologie fragile et balbutiante. Jusque-là, je répète Délèque.

Et comme je respecte et j’estime ce Délèque, je reprendrai, dans le présent paragraphe, un juste parallèle qu’il a établi entre deux débats, dont l'un est bien entendu de nature orthographique et l’autre est créé de toutes pièces par lui, mais cela importe peu; la polémique artificielle sur la nécessité de réformer le clavier QWERTY illustre merveilleusement la dichotomie endémique qui divise l’humanité entre réflexe conservateur (Pourquoi changer quand on est habitué?) d’un côté et pulsion progressiste (Pourquoi ne pas améliorer un truc imparfait ou mal fichu?) de l’autre.

Et voilà. Un homme, August Dvorak, s’est dit, comme le font parfois les gens pragmatiques lorsqu’ils font face à un dispositif obsolète: «voyons voir, repensons le système sur des bases saines, selon des principes rationnels»:

* symboles les plus courants placés sur la rangée du milieu ;
* alternance des mains ;
* répartition du nombre de frappes entre les deux mains ;
* prévention de la surcharge des petits doigts qui font aussi les touches « système » : entrée, Maj., Ctrl, retour arrière (<—) ;
* amélioration de l’accessibilité des digrammes les plus courants.



Afin de remédier aux défauts de (Q/A)ZERTY:


* les caractères les plus fréquents ne sont pas les plus facilement accessibles ;
* à l’inverse, des caractères rares sont très accessibles ; citons pour exemple : « Z », « ; » ou « K » ;
* les lettres accentuées sont difficilement accessibles, placées sur la rangée des chiffres ;
* des caractères usuels du français ne sont parfois tout simplement pas accessibles : œ, « , », les majuscules accentués, l’espace insécable ;
* il y a un gros déséquilibre entre les deux mains (58 % de frappes pour la main gauche alors qu’il y a plus de caractères sous la main droite) ;
* aucune optimisation propre à la langue française n’a été faite.

Selon ces principes ergonomiques, Dvorak a conçu non seulement un nouveau clavier pour l’anglais, mais également une méthode pour concevoir le clavier ergonomique pour toute langue. En français, cela a donné le clavier BEPO.

Et je vous le donne en mille, personne n'en a voulu.

Merci Délèque d’avoir lancé le sujet.

Appellons un clavardage un clavardage


Les milliers centaines douzaines de lecteurs assidus de ce blog savent déjà, ad nauseam d'ailleurs, qu’on s’amuse bien avec la pipolisation du français made in France in ze street, et que outre-atlantique, les irréductibles Kébékois, sur un îlet francophone dans un océan de « Canote en douze temps », se sentent bien esseulés face à l’envahisseur (surtout qu’avec des analogies manichéennes* pareilles, on contribue pas à diminuer la quasi-paranoïa ambiante, hein).

Voici de quoi ragaillardir nos gens du pays :

http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2010-02-03/gouvernement-francomot-un-concours-pour-traduire-buzz-chat-ou-tuning/1387/0/420152

Vive l’idée de conscientiser les masses en les amusant : un petit concours, c’est rahv, léger, lol, oserais-je même (tiens, c’est une idée à leur soumettre, ça) et les gens, mine de rien, perçoivent l’ombre du début de l’ébauche d’un projet d’embryon de prémices annonçant les balbutiements d’un commencement de réflexion sur le sujet. Ce qui est cool.

Perso, j’espère que ça va donner de bons résultats (j’espère que « WTF » est dans le lot et qu’il sera bien rendu).

______
* Genre de mot qui, avouons-le, donne vachement de la classe à tout billet, blog, et que j'utilise toujours au moins une fois dans tous mes devoirs de philo/linguistique/français/mime.

mardi 16 février 2010

Quand une virgule vous dispense d’assister à une (possiblement ennuyante) formation


La « gestion » des virgules est souvent perçue comme quelque chose de plutôt frivole, d’accessoire, d’aléatoire. On affirme parfois que la virgule permet de rythmer le texte et que c’est à l’auteur de choisir l’usage qu’il en fera. Bien sûr, quiconque possède une certaine maîtrise de la langue française sait que certaines virgules sont nécessaires, essentielles au texte. Je m’intéresse ici plutôt au cas de celles qui paraissent facultatives, soit les virgules entourant (ou non) les propositions subordonnées relatives compléments de nom (ou de pronom) :

Les employés, qui assisteront à la formation lundi matin, recevront une augmentation de salaire.

Les virgules sont-elles facultatives, ici? Nécessaires? Superflues?


Voyons ce qu’en dit Grevisse :

« Au point de vue du sens, la subordonnée relative complément de nom ou de pronom est :
Complément déterminatif quand elle restreint la signification de l’antécédent; on ne peut pas la retrancher sans nuire essentiellement au sens de la phrase; elle sert à distinguer l’être ou la chose dont il s’agit des autres êtres ou choses de la même catégorie.
Complément explicatif quand elle ajoute à l’antécédent une explication accessoire, exprimant un aspect particulier de l’être ou de la chose dont il s’agit; on peut la retrancher sans nuire essentiellement au sens de la phrase et d’ordinaire, elle est séparée par une virgule. »(1)


Le Ramat de la typographie, bien que plus bref dans son explication, reprend les mêmes faits :

« Virgule (,)
élément explicatif ou restrictif

Un élément explicatif est entre deux virgules, il explique.
Un élément restrictif est sans virgules, il restreint. »(2)


Illustrons maintenant ces explications.

1. a) Les citrons qui sont verts sont surs.
On affirme ici que seuls les citrons verts sont surs, mais que les citrons d’autres couleurs ne le sont pas nécessairement.

1. b) Les citrons, qui sont verts, sont surs.
Ici, on affirme plutôt que les citrons, de façon générale, sont surs, en ajoutant l’information qu’ils sont verts (soit de façon générale, soit en lien avec ceux dont on parle dans cette phrase, selon le contexte).

Conclusion
Ce qu’on peut conclure après ces explications, c’est qu’une virgule, ajoutée ou manquante, sans être en soi une faute, peut changer considérablement le sens du message qu’on souhaitait initialement communiquer.

Revenons à notre phrase initiale, hypothétiquement rédigée et envoyée un vendredi soir par un patron d’entreprise :

Les employés, qui assisteront à la formation lundi matin, recevront une augmentation de salaire.

Dans ce cas, tous les employés de l’entreprise auraient de bonnes raisons de se réjouir et d’aller célébrer! Et c’est le patron qui ne comprendrait pas pourquoi si peu d’employés se seraient présentés à la formation le lundi matin. Parce que ce que cette phrase dit, essentiellement, c’est que : « tous les employés recevront une augmentation de salaire ». L’information concernant le fait que ces employés assisteront à une formation n’est ici qu’accessoire et, dans le cas qui nous intéresse, purement spéculative.

Par contre, si le patron annonçait plutôt :

Les employés qui assisteront à la formation lundi matin recevront une augmentation de salaire.

On pourrait déjà se douter que probablement tous les employés se présenteraient à la formation le lundi matin. Ainsi, le patron ne se verrait pas forcé d’offrir des augmentations à tous, comme il aurait été forcé de le faire avec la phrase précédente.

La preuve que des virgules oubliées ou mal placées peuvent coûter cher ou avoir d’importantes répercussions.


(1) [GREVISSE, M. (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris, p.260.]
(2) [RAMAT, A. (2008). Le Ramat de la typographie, 9e édition. Aurel Ramat éditeur, Montréal, p.180.]

lundi 15 février 2010

QWERTY, CQFD, LOL


Un peu d’histoire : à l’origine, la disposition des lettres sur les machines à écrire était en ordre alphabétique (N à Z en haut, A à M en bas, sur deux rangées, allez savoir). Toutefois, les premiers usagers tapèrent tellement rapidement que la pauvre mécanique que, nous, maudernes, trouvons aujourd'hui rudimentaires (on est toujours l’ancêtre de quelqu’un, hein, un peu de respect), ne suivait pas. Les tiges s’enrayaient, se collaient, s’enchevêtraient presque, une fois une certaine vitesse atteinte, ou une certaine combinaison de lettres entreprise. On doit à Christopher Sholes la disposition QWERTY actuelle, à la fois dans le but d’éliminer la proximité de lettres souvent tapées en succession (en anglais, pensons au –th ou au we-) et de rendre moins « pratique » le doigté, permettant de ralentir la vitesse de tape.

Autre but, non visé par Sholes mais néanmoins flamboyemment réussi : m’énerver. Malgré Tap’touche Garfield et une décennie de balivernes écrites par mail et messagerie instantanée, j’y parviens toujours pas, j’ai pas le doigté (j’aurais aussi de la difficulté à assimiler un clavier AZERTY ou ABCD, mais laissons ma mauvaise foi rediriger le débat où je veux qu’il aille).

Donc je me demande : mais pourquoi, nom d’un blog, persistons-nous à garder le QWERTY, reliquat d’une technologie désuète (d’ailleurs, je trouve ça dur taper QWERTY)? Les claviers d’ordi poirraient suivre, non? Il n’y a plus de compromis vitesse/efficacité à faire, alors diversifions! Pourquoi s’attacherait-t-on à une technique surannée, à une habitude passée mode, pour une raison autre que la nostalgie, l’habitude crasse, la Tradition? (vu sur despair.com *: « C’est pas parce qu’on a toujours fait quelque chose d’une certaine manière que c’est pas totalement stupide », sous une photo du lâcher de taureaux de San Fermin).

Dans un monde de manivelles, de lampes, de crachoirs et de dimanches à se berçer sur le perron en chiquant sa pipe, ok, on peut prôner la tradition, mais là, on est avancés, vifs, beaux, fermes. Pas comme si on avait l’habitude de s’attacher à des choses anciennes, sous prétexte que le nouveau fait peur, non? Le mieux est devenu l’ami du bien, sachons, du haut de notre Technique, l’admettre. Passons à Vista, ou microsoft 7, c’est nouveau, donc meilleur. Le blu-ray ne sera jamais meilleur que le dvd, même si on disait la même chose du dvd par rapport au ruban (qui a dit « green ray »?).

Écrivons ognon sans i. Traitd’unionisons TOUS les nombres. Le circonflexe ne passera pas. Ah, ça ira.

Boffh, oui, y a des réticents, qui aiment le i de oignon, qui pensent que voûte sans circonflexe, c’est moins poétique, qui s’ennuient de Corel Wordperfect. Le vieux, l’inefficace, ça reste rassurant – à preuve : ça achète des coffrets dvd de vieilles séries sous le coup de la nostalgie, même si les émissions sont finalement nulles, décevantes, et qu’elles ont failli dans leur mission de nous rajeunir.

Et c’est peut-être ça qui glace ces tenants de la tradition, en général, et dans toutes ces réfaurmes de la langue françoise en particulier : se sentir vieux de ne plus parler la même écriture que la génération future (pour qui lol, koi et irl sont des mots ou des concepts à part entière). De ne plus être « dans le vent » (d’ailleurs, la dernière personne à utiliser cette expression a été découverte dans un bloc de glace en Sibérie, et le carbone 14 est inefficace, ce dernier ne pouvant dater ce qui le précède géologiquement). D’être un de ces vieux qui utilisent des expressions de jeunes, que les jeunes n’utilisent plus depuis méchante lurette (comme ces vieux qui disent 'cool', ou 'bath' c’est navrant, avouez).

Perso, c’est en admettant qu’il y a une part d’attachement émotif et subjectif qui teinte un côté de ce foutu débat qu’on pourra avancer dans ce bazar; que les réformistes ne soient plus vus comme des blousons noirs post-soixante-huitards sans respect, et que les anti-réfaurmistes, eux, cessent d’être illustrés comme des croulants à la perruque poudrée souffrant de la goutte, par exemple comme cette phrase même l’insinue sournoisement.

On avance pas, mais qu’est-ce qu’on a bien rigolé (moi en tout cas) – et en plus, mine de rien, vous savez qui est Christopher Sholes, maintenant. De rien.
_________

* http://www.despair.com/tradition.html

Les adjectifs spécifiques du lundi

Notre bon dictionnaire conserve en ses pages des adjectifs si spécifiques, sans être techniques, et tout en étant abstraits, qu’on a rarement l’occasion de les utiliser, d’autant plus que leur sens reflète une réalité patinée par les siècles.

Amis lecteurs, unissons nos efforts pour promouvoir la modernisation sémantique de:

Ancillaire
«Se dit d’amours, de liaisons avec les servantes».

Obsidional
«Propre aux sièges, aux villes assiégées».

vendredi 12 février 2010

Le cauchemar des réviseurs

___


Elles feraient frémir d'horreur le moins pointilleux des correcteurs.



Seule consolation: Maurice Grevisse, dans son sous-sol, devait se contenter lui également d'une boîte électrique annotée n'importe comment.

___

jeudi 11 février 2010

Quand on a l’occasion de choisir son opportunité



D’après vous, l’affiche annonçant un emploi est-elle fautive ou pas? Parler d’opportunités d’emploi, ça vous choque? Il semble que les avis soient partagés sur la question et que là où certains voient un usage inapproprié d’un mot qui calque son sens sur son homologue anglais, d’autres au contraire voient l’extension du sens initial du mot français. Voici quelques capsules déjà rédigées à ce sujet :

Office québécois de la langue française (OQLF) :
L’OQLF critique l’acception et étiquette cette dernière comme anglicisme, en recommandant d’utiliser plutôt occasion pour rendre le sens du « opportunity » anglais.

Guy Bertrand, linguiste à Radio-Canada :
Monsieur Bertrand, quant à lui, semble dire que l’emploi d’opportunité au sens de « chance » ou « occasion » est maintenant passé dans l’usage, bien qu’on puisse en éviter l’emploi en remplaçant par d’autres formules.

Trésor de la langue française :
« OPPORTUNITÉ, subst. fém.
A. Caractère opportun (de); caractère de ce qui est opportun. Synon. à-propos, convenance.
1. Opportunité de + subst. ou inf.
2. [Sans compl. prép. de]
2. a) Avoir le sens de l'opportunité. Savoir d'instinct ce qu'il convient de faire dans telle situation.
2. b) D'opportunité. De convenance, de circonstance.
B. Par méton. Occasion ou circonstance favorable. »

Référence : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm, sous l’entrée opportunité

Comme on le constate, le Trésor présente, au sens B, un sens métonymique d’opportunité, qui semble rejoindre le sens d’« occasion » qu’on juge emprunté à l’anglais. Cette interprétation métonymique est, à mon sens, fort intéressante.

Conclusion?
Ainsi, il vous revient, locuteur, d’employer l’acception d’opportunité au sens d’« occasion », en défendant votre choix sur le principe selon lequel la beauté d’une langue vivante vient du fait qu’elle évolue constamment et qu’elle est continuellement influencée par les langues qu’elle côtoie; ou alors, au contraire, de refuser d’utiliser cette acception critiquée en mettant à profit un vocabulaire riche et précis, qui existe déjà dans notre belle langue française. Le choix est vôtre : profitez-en!

mercredi 10 février 2010

To remove window, pull rubber strip/Pour se enlever de la fenêtre, tire frotteur dénuder

J’ai pensé à vous (et au fait que mes écrits risquent, un jour, de faire exploser le lectorat, que gloire et honneur pareront mon front ceint de fleurons glorieux et que Spielberg, Scorsese et Von Trier se battront pour faire Mauvaize Langue – Le film*) cette semaine, en voyant ce lien :

http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/telecoms-et-mobilite/201002/09/01-947906-un-telephone-qui-traduirait-6000-langues-en-temps-reel.php

(Oui, je sais, les liens Cyberpresse, ça commence à bien faire).

Ma première réaction à ce noble essai de la part Gougle de faire un portable/tour de Babel a été, un peu, comme suit :

AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA*GASPE*HAHAHAHAHAHAHAH*RONFL*HAHAHAHAAAAaaa.....

Seconde réaction, du haut de ma SUperbe**, de ma GRâce** de mec-qui-des-fois traduit (ouais ben j’ai les papiers attestant le machin, hein), soliloqué-je en ramassant mon monocle :

Insensés! Pauvres fous! Remplacer l’Humain, le TRaducteur par une machine, un vulgaire amas d'algorithmes***, un tas de boulons et de leviers et de lampes et de barrettes de mémoire 35T-449 Matsushita! Comment feraient-ils? 6 000 langues! Le japonais et sa myriade de déclinaisons de déférence! L’allemand et son second verbe foutu en fin de phrase! Les incidents diplomatiques! La communication comme obstacle à la communication!

Troisième réaction : ...ben en fait, si on peut désigner l’appariement, et en conjonction avec le carnet de contacts du téléphone donnant des métadonnées sur l’interlocuteur (ami, bureau, maquereau), qui détermineraient le niveau de langage\politesse... Zutre, c’est pas bête, finalement.

Ceci dit, depuis la pierre de Rosette qu’on tente de bâtir des mémoires de traduction automatisée, et Saint Jérôme rigolait déjà à l’époque des premières vaines tentatives de rendre « Shangaï stir fry vegetables », « Time flies like an arrow » et « Ce fut un grand vaisseau taillé dans l’or massif » par « Légumes pour faire sauter Shangaï » , « Les mouches du temps aiment une flèche » et « 404 – error, site not found ». Je souhaite donc à cette boîte, ce...comment déjà? Goglu? Gougoune?

À c’te boîte, bref, bien de la chance.

_________________________________________
* À ce titre, Clooney pourrait très bien me jouer (Pitt, nah, trop évident)
**Oui deux majuscules, une seule ne suffit pas à rendre l’éthérité du ton altier me caractérisant à ce moment
*** J’ai totalement oublié pourquoi j’ai mis ces astérisques-là

Beaux termes du lundi


Les terminologies offrent des possibilités infinies d’enrichissement lexical personnel. Certains termes exhibent une enveloppe phonique si plaisante qu’on souhaiterait les intégrer à notre quotidien en les affublant d'un sens métaphorique.


Sénestrochère
Bras gauche représenté sur un écu. (Le Robert)

L’élément senestr- dérive du latin ou de senestre («gauche, qui est du côté gauche»).
Du grec kheir main, désigne en blason la figure d’un bras gauche. (Le Robert Historique)

Sens métaphorique suggéré:
Coup de poing au visage.

Ex: Le viril portier me gratifia d'une vigoureuse sénestrochère.


Jusant
Marée descendante. (Le Robert)

Sens métaphoriques suggérés:
Vieillesse. (trop facile)
Fin de soirée.

Ex: Au jusant, trois piliers s'attardaient.


Mainmorte
Dans «droit de mainmorte»: droit pour le seigneur de disposer des biens laissés par son vassal.

Sens métaphorique suggéré:
La question est lancée; j'attends vos suggestions.

vendredi 5 février 2010

Conseils pratiques

____

La grammaire…

Vaste et noble tâche...
Ne jamais hésiter à reprendre les gens !

(sauf dans les cas suivants)

-Centenaires dont la langue maternelle est autre que le français
-Rescapés de l’Holocauste
-Patients sur table d’opération


(liste non exhaustive)

Merci de votre attention
___

mercredi 3 février 2010

Bon à jeter!


Cette semaine, sur Mauvaize langue, on a parlé de participes passés pronominaux. La citation du jeudi, quoique quelques jours en retard, n'y échappera pas.

Que de complications, souvenez-vous, lecteurs. [...] Un accord qui s'effectue tantôt avec le sujet, tantôt avec le complément d'objet direct, et tantôt, inopinément, sans crier gare, échoue. Des exceptions en cascade.
[...]
La quasi-totalité de ce fatras est bon à jeter.

En regard, la linguistique stipulera que le participe passé est au fond un adjectif et qu'il s'accorde avec «le nom auquel il se rapporte». Si le se accolé au verbe est caduc, la question «qui ou qu'est-ce qui est PP?» repérera le donneur d'accord; si le se est persistant (indispensable à la forme et au sens), la question «qui ou qu'est-ce qui s'est PP».

Un zeste d'histoire montrera pour le surplus comment la loi non écrite du «moindre effort» a bloqué le donneur d'accord postposé au participe: Pierre et Marie se sont serré la main en partant; «qu'est-ce qui est serré?» la main (accord théorique du PP au féminin singulier, n'était que les copistes médiévaux, aynt laissé le PP provisoirement invarié, mais le donneur d'accord débusqué, oubliant au fil de la plume de revenir en arrière, rataient l'accord une fois sur deux, et que les grammairiens du XVIe ont coulé la tendance en doctrine).


Cerquiglini, Bernard; Corbeil, Jean-Claude et al. Le français dans tous ses états, «Décrire ou prescrire», Champs Flammarion, 2000, pp. 57-58. 

mardi 2 février 2010

Peut-on se fier aux grammaires pour nous expliquer clairement la règle des participes passés?


Le billet de vendredi dernier du Dr Gorki, qui parlait brièvement de la « fossilisation » des participes passés, m’a inspiré le sujet de la capsule de cette semaine.

Non, je ne vous rabattrai pas les oreilles avec le détail de l’accord du participe passé. Mais j’aborderai plutôt le cas particulier d’un participe passé pronominal dont l’accord fait douter les plus érudits : se fier.

Voyons l’exemple suivant :
Ils se sont fié/fiés à leur intuition.

Comment accorderiez-vous le participe ici? – fié? – fiés? Pas évident?

1re réflexion :
Participe passé employé avec l’auxiliaire être, on accorde avec le sujet du verbe. Ici, ils, donc, logiquement fiés. Tout bêtement. …Vraiment? Un doute m’assaille.

2e réflexion :
Participe passé des verbes pronominaux : on remplace, pour trouver le complément d’objet direct, l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir, ce qui nous donne « Ils ont fié quoi? À leur intuition. » Donc, pas de complément d’objet direct, invariable.

3e réflexion :
Euhhh… Consulter une grammaire?


L’avis de Grevisse

« Participes passés des verbes pronominaux.

N.B. – 1. Dans la question que l’on fait pour trouver le complément d’objet direct d’un verbe pronominal, on remplace l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir : Ils se sont imposés des sacrifices : Ils ont imposé quoi? – des sacrifices. » (1)
(…la règle commence bel et bien par un N.B.)

Selon cette première règle formulée par Grevisse, il faut se poser la question : « Ils ont fié quoi? » – pas de complément d’objet direct, donc, invariable. Ce qui revient à la 2e réflexion ci-dessus. Ouf!

Vraiment? Hmmm… pas tout à fait. Retournons voir Grevisse :

« 2. Bien se rappeler la classification des verbes pronominaux. »(1) Admettez que c’est marrant! Et Grevisse nous réfère gentiment au paragraphe concernant la classification des verbes pronominaux. Je me permettrai de vous la résumer ainsi :
- verbe pronominal réfléchi : « lorsque l’action revient, se réfléchit sur le sujet »(1);
- verbe pronominal réciproque : « lorsque deux ou plusieurs sujets agissent l’un sur l’autre ou les uns sur les autres »(1);
- verbe pronominal à pronom sans fonction logique : où le pronom « reflète simplement le sujet, sans jouer aucun rôle de complément d’objet direct ou indirect »(1);
- forme pronominale utilisée au sens passif.
Et donc, ces quatre types de participes s’accordent avec leur sujet.

Ça commence à se corser n’est-ce pas? Voilà pourquoi je vous disais que même un érudit linguiste s’y perd. Comment déterminer si se fier est un verbe pronominal à pronom sans fonction logique? Et le cas échéant, on devrait donc, dans notre exemple, accorder le participe avec son sujet : « Ils se sont fiés à leur intuition. » Retour à la 1re réflexion ci-dessus. Ouille! Comment s’en sort-on?


L’avis de Le français au bureau

Toujours pas convaincue de mon choix de type de participe, j’ai, par curiosité, ouvert mon Le français au bureau, plus ou moins confiante d’y trouver quelque information sur le sujet. À tort! J’y ai découvert l’explication la plus éclairée concernant tooooous les participes passés pronominaux : ces derniers n’ont maintenant plus aucun secret pour moi!

« Le participe passé pronominal des verbes qui n’existent que sous la forme pronominale s’accorde en genre et nombre avec le sujet du verbe. C’est aussi le cas pour les verbes pronominaux dont l’action ne se reporte pas sur le sujet et qu’on appelle verbes pronominaux non réfléchis.
[…]
Le participe passé des verbes transitifs et intransitifs employés pronominalement s’accorde en genre et en nombre avec le complément direct, s’il précède le verbe, car l’auxiliaire être est généralement mis pour avoir. Ce complément direct peut être soit le pronom se, soit un nom. »(2)


[je vous épargne ici les exceptions, lesquelles n’ont jamais de complément d’objet direct, devinant que vous avez gobé assez de théorie comme ça… mais pour les curieux, le haut de la p.351 complètera votre édification]

Eurêka! Notre verbe se fier est un verbe qui n’existe QU’À la forme pronominale (le verbe fier tout seul n’existant pas). Il s’accorde donc avec son sujet : « Ils se sont fiés à leur intuition. »

Et vous : vous seriez-vous fiés à votre intuition pour accorder ce participe passé? Pas moi!


(1) [GREVISSE, M. (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris, p.203.]
(2) [GUILLOTON, N. & H. Cajolet-Laganière (2005). Le français au bureau, 6e édition. Les publications du Québec, p.350.]

lundi 1 février 2010

Les verbes alternatifs du lundi


Ne dites pas tasser, dites:
esquicher
(Dans le midi) Comprimer, presser, serrer, tasser.
Les voyageurs étaient esquichés dans le car.

Ne dites pas lapider, dites:
caillasser
(Familier) Jeter des cailloux, lapider.

Ne dites pas crier, dites:
carcailler