mercredi 21 juillet 2010

Sémantique ludique

Vous connaissez ce jeu amusant qui consiste, en lisant l’hébreu, à deviner les voyelles que, par parti pris ludique, on n’écrit plus que pour les enfants et les aveugles?


La communauté sémite n’est pas la seule à cultiver l’usage de la devinette systématique dans l’usage de sa langue. Nos cousins anglo-saxons, en effet, font de même en permettant l’agglutination débridée de noms, liés entre eux par des relations sémantiques tacites que le lecteur/interlocuteur non natif en est réduit à deviner (voire à inventer), sans préposition ni indice pour le guider dans son interprétation (sa construction?) du sens précis de la phrase.

Ce procédé syntaxique, bien qu’il puisse sembler, à première vue, pour un esprit français ultra-analytique, nuire au potentiel de précision des énoncés, comporte certains avantages: facile à apprendre et à utiliser, souple, robuste, laissant la porte ouverte à toutes les interprétations, cultivant un flou artistique reflétant bien le principe de liberté individuelle si cher à la culture anglo-saxonne.

On ne s’étonnera pas que certains milieux professionnels francophones en soient venus à l’adopter aussi dans la production de leur documentation technique.

Qu’est-ce, en fin de compte, qu’un «processus système»?

La réponse vous appartient.

mardi 6 juillet 2010

Un coup dur pour la OQLF way of life

La compétition entre les tenants québécois d’une terminologie financière purement française, d’une part, et ceux de l’emprunt systématique de termes techniques anglais, d’autre part, voit ces derniers gagner du terrain.

Par un rapport interne destiné aux employés du cabinet multinational de services financiers qui m’emploie, j’appends * que désormais, «vérification» s’inclinera devant «audit», et dans la même veine, que la plupart des termes financiers francisés par l’OQLF proposés comme alternatives à la terminologie anglaise communément utilisée par le reste de la francophonie (lire «la France») ne sont pas retenus par les entités décisionnelles des milieux financiers.

Un pas en avant pour l’efficacité communicationnelle internationale, deux en arrière pour la tradition française, la culture livresque, l’interventionnisme linguistique à la québécoise, la diversité.

À moins que les réviseurs linguistiques ** des cabinets internationaux ne s’engagent dans une guérilla terminologique à finir entre deux cafés, on est cuits les mecs!


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* Ça fait plus d'un mois, déjà, mais la saison effervescente des services financiers ne m’a pas laissé le loisir, jusqu’ici, de vous faire part de la nouvelle.

* Ces réviseurs! Toujours prêts à courir au front pour la moindre virgule!