mercredi 4 janvier 2012

Étonner ou Surprendre


Usages modernes

En français moderne, Étonner et Surprendre sont interchangeables dans de nombreux contextes. Selon Multi, dans l'une de ses acceptions, Étonner signifie « Causer la surprise » et Suprendre, sans surprise (!), signifie « Étonner ».  Des synonymes, donc.

Le petit supplément de force que l'on perçoit pourtant dans Surprendre se laisse définir plus précisément par le Petit Robert : « Frapper l'esprit en se présentant sans être attendu ou en étant autre que ce qu'on attendait ».

Étymologie

En français classique, pourtant,  le sens de Étonner était beaucoup plus fort : « Donner une violente commotion par la surprise », alors que Surprendre signifiait, plus modérément, « saisir à l'improviste » ou « gagner par la fraude » (Petit Robert).

Selon le Robert historique de la langue françaiseÉtonner vient du latin populaire Extonare, qui signifie « foudroyer ». Le sens propre orageux (la « foudre ») a naturellement, par la suite, donné lieu au sens figuré (l'« émotion violente »), qui s'est maintenu jusqu'au français classique, pour s'affaiblir ensuite vers le sens moderne.

Selon la même source, Surprendre est un composé artificiel de l'ancien français joignant le préfixe sor-  et le radical prendre. Jusqu'au xviie siècle, le vocable a signifié « prendre au dépourvu », avant de s'enrichir de son sens moderne.

Racines indo-européennes

Le tonare latin connaît des équivalents dans nombre de langues européennes (tanyati, en védique; tundar, en persan; thunder, en anglais...) qui révèlent une racine indo-européenne tenƌ.

Le verbe prendre de l'ancien français provient, quant à lui, du latin prehendere, dont la racine indo-européenne est incertaine. La comparaison avec des formes issues de l'albanais, du ghotique et du vieil islandais on amené les linguistes à postuler une double racine ghed (« trouver, atteindre ») et ghend (« contenir », « être trouvé »). (Robert historique de la langue française)

7 commentaires:

  1. Il fait bon vous revoir ici, Pélagie chère. :) Et vous tombez pile dans mes cordes!
    Je m'étais à plusieurs reprises demandé quelle pouvait être la nuance sémantique (que je pressentais) entre les deux termes, mais je restais sur ma faim en constatant alors l'apparente synonymie dépeinte par nos dictionnaires usuels.
    Très intéressant, merci beaucoup.

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  2. Oh d'ailleurs, j'y pense... N'y avait-il pas un jeu de mots savoureux, plutôt connu, d'un cocu trouvant sa femme au lit avec un autre, et la femme de dire : «Oh mon mari, seriez-vous surpris?» Et lui de répondre : «Très chère, c'est vous qui êtes surprise. Moi je suis étonné.» (je «cite» de mémoire hein!)

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  3. Bien vu!
    Le Klephte, Abraham Dreyfus...
    Sinon, pour la marrance, lire sur Wikipedia le témoignage très émotif d'un quidam qui s'affirme profondément blessé de ce qu'on puisse confondre ces deux "notions" d'étonnement et de surprise qui, selon lui, n'ont "rien en commun".

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:%C3%89tonnement

    Amusant!

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  4. J'adore !
    Y a-t-il des nuances dans le fait d'adorer ?
    Dois-je dire que j'adore ou que je vénère ?

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  5. Anonyme2/21/2013

    Littré, l'Émile du dictionnaire, aurait eu, selon la légende, ce mot, alors que sa tendre moitié l'aurait pris en flagrant délit d'adultère :

    "Oh ! Monsieur, je suis surprise !"
    "Non, madame. C'est moi qui suis surpris. Vous êtes étonnée."

    Mais c'est presque trop beau pour être authentique.

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    1. Anonyme6/01/2019

      Oui, d'autant plus que dans le Littré, ce sens de "Je suis surpris" = je suis étonné est attesté depuis le XVIIe siècle par d'excellents exemples. L'histoire est très rigolote mais semble totalement apocryphe...

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