jeudi 24 décembre 2009

L'adverbiage


Si on m’a demandé ou non d’écrire en cet après-midi d’hui, vous ne le saurez jamais, mais toujours est-il (quelle tournure moche, je sais, et vlan, déjà la parenthèse, je re-sais) qu’une injustice m’inique tarabustement, et que l’exercice étalé éhontemment sous vous zieux (ou horizontalément, j’imagine que l’écran d’ordi où se prélasse sans-gênement ce blog est situé vis-à-vis de vos mirettes et non bassement sur un bureau comme un vil papelard qui antédiluve tellement que vous nauséeriez rien que d’y penser) a pour but de rétablir, un peu, l’ordre dans ce bazar.

Je vous laisse lire la phrase précédente pour que vous déparenthèsassiez tout le machin, allez-y, c’est offert gratossement*. Sauf si votre Web est payé à l’heure.

« Quid, ubi, orbi? » à-juste-proposez-vous dekossément. Quelle injustice? Quelle est la cause qui croise-et-bannièrise le toujours neutre (autant politiquement que pHment) Délèque? À quel propos polémisera ce sondeur de l’abîme insondable, ce chercheur de creux, ce vertigineux du vide? La (réfaurme?/rayfhôrmme?/rhêffeaurrmhe?) remanipulation orthographique? Les dérivations parasynthétiques des populations du Gujarat du Nord? Les épithètes en hypallage des babelfisheux? Que nennis-je, du haut de ma superbe commeunseulhommemément. Le but (enfin on verra, hein, je bloggue sans manu- ou tapuscrit) de cette missive a pour but de rallier la communauté webbesque et de l’allonzenfants-delapatrier vers une cause noble, pure, chouette, qui se résume en la question suivante, que je niunenideusse tacautaquement :

Ça vous enquiquine pas, vous, le fait que y a des mots, on peut faire un adverbe, ou un verbe, avec, et des mots, non? Ah-haaaaa, je vois à votre silence béebouché et votre regard impassibilisé que je te vous me te touche la corde sensible. Quant à ceux se sont déturgescés en ayant le vague sentiment que j’ai over-suspensé dans l’intro par rapport au sujet, ben vous avez pas fini d’être déçus, et honnêtement, que faites-vous encore sur ce blog d’ailleurs, y a des gens qui travaillent ici.

Non mais oui mais je sais, y a des mots qui se transposent pas, y a l’euphonie, l’usage, le saint-frusquiniage divers…mais avouez que le français, par rapport à l’anglais, souffre sa race dans un univers néologisant où le markettinge, les buzzwords, l’imââââge sur le sens et la substance sont à l’avant-plan. Sans parler de la techno, qui va plus vite que l’OQLF (vous avez utilisé un cédérom récemment, vous? Et puis des CD, c’est tellement nineties). Avantage : les Anglois, leur gérondifs, leur air cool cheveux au vent, leur franche dédaignation de la structure, et ce, malgré la malchance qu’ils ont de pas assurer le maintien d’institutions rigidissimes qui datent de Louis the XIV. Pas étonnant que le gérondif se propage comme-une-trainée-de-poudrément dans notre belle langue, que le français s’anglosaxonne et que la rigidité envers la néologisation (voyez, même ça c’est un néologisme, y a du chemin à faire) demeure un obstacle qui, à mon fort humble avis, tétanise la pensée, délimite la sémantique, cacate l’évolution.

Tant que de nouvelles réalités et de nouveaux concepts apparaîtront, l’humaine et son fiancé auront besoin de petites étiquettes pour les nommer, les figer, les apprivoiser mentalement et passer à autre chose, tiens. Donc mots. Et il est humain de parler de ces réalités. Donc phraséologie, langage, et cæterations diverses. Mais entre le « terrain » (ce que certains osent nommer la « vie », et que d’autres, plus évolués, nomment l’IRL (in real life, vu que y en a que c’est surtout virtuellement qu’ils ont une vie, eh ben y a fallu inventer l’IRL pour différencier) et la documentation, l’écart tend à s’élargir; les dicos, traités et autres grevissants ouvrages peinent de plus en plus à rattraper les smsophiles et autres l33ts…

Et puis, ça vous est jamais arrivé, vous, d’être en société (charmante ou baillementogène), de faire état de votre état de personne-qui-travaille-dans-la-langue (« Ah? Et vous en vivez? ») et de vouloir dire quelque chose de spirituel (c’est votre 3e mojito, disons) en diatribant contre le fait qu’on puisse pas lâcher spontanément un grasseyant et jouissif néologisme, qui vous éviterait de circonlocutionner et d’autourdupotgyrer inutilement?

Moi, oui. D’où, blog.




*Oui, offert, ca veut dire gratuit. Oui, pléonasme, bravo, 50 points. Mais j’ai pas d’autre endroit où mettre gratossement. Sauf à la fin de la phrase précédente, mais bon, ça marche pas plus sans le premier gratossement (et du coup on se retrouve avec 3 gratossement**).

**En fait, 4 (bien vu, au fond)

***Eh ben oui, c’est pas aujourd’hui que Délèque va faire un post sans astérixer, et je suis le premier à le déplorer : mise-en-pager, j’vous dis pas. Surtout que le « *** » est orphelin, le cherchez pas dans le texte. Et le « ** » aussi, d'ailleurs.

6 commentaires:

  1. "Gratossement", ça n'est pas dans le dictionnaire, délèque.

    Donc ça n'existe pas.

    Et si ça n'existe pas, pourquoi j'en parle?

    Joyeux noël et repose-toi bien.

    On sent que t'en as besoin!

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  2. Délèque, ca prend la majuscule, Mi.

    Donc j'existe pas, mais en plus grand.

    Joyeuxes faïtes!

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  3. Ah, quel réjouissant délire !!! Mais c'est vrai que cette tendance nouvelle de la langue est totalement catastrophique, comme si le français ne comportait pas suffisamment de vocabulaire ! Mon institutrice, la même que la réfractaire à la méthode globale, nous avait imposé l'usage d'un carnet répertoire dans lequel nous notions les mots que nous ne connaissions pas ou ne comprenions pas bien, et elle nous incitait, par la suite, à ouvrir ces gros livres poussiéreux, nommés dictionnaires, y chercher la définition et à, ensuite, la noter soigneusement dans ledit carnet répertoire.
    C'est ainsi que je parle un peu plus que les deux-cents mots basiques et souvent écorchés de la plupart des gens, notamment certains présentateurs de télévision ou de radio ! D'ailleurs, la plupart de ces personnes sont positivement consternantes de bêtise.et d'ignorance... Pis, elles en sont fières, alors qu'elles devraient se cacher, rougissantes de honte ! La médiocrité et la nullité sont les mamelles de la vacuité.
    Bref; ici, on élève le débat, et ça fait vraiment du bien ! Merci d'exister !
    Bises !
    Tinky :-D

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  4. Bienvenue parmi nous Tinky, et merci pour vos encouragements sympathiques!

    Concernant la création lexicale, je me permets de répondre à votre propos (selon lequel le français comprend suffisamment de mots) par une citation de Marc Wilmet (issue de l'excellent collectif "Le français dans tous ses états, p. 60 , Flammarion, 2000"):

    "Le jour ou le français se repliera définitivement sur des structures figées, renoncera aux innovations lexicales, morphologiques, syntaxiques..., il ne sera plus loin d'une langue morte."

    Au plaisir d'en discuter :)

    Pélagie

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  5. Chère Pélagie,
    A dire vrai, je ne suis pas contre l'évolution de la langue, excepté quand elle plagie les structures d'une autre langue. Les innovations et évolutions qui lui sont spécifiques, franco-française, devrais-je dire, soit, mais le "franglais", cher à nos technocrates et à certaines personnes en vue me sort par les pores... Je travaille pour l'opérateur historique des télécommunications français à un rang bien humble, mais je suis consternée par l'invasion des termes anglo-saxons ou la dérive des règles grammaticales anglaises visant à s'ajouter aux françaises tellement utilisées par ces gens-là. Ainsi, pour parler des nouveaux consommateurs d'Internet qui recherchent toujours des services plus performants à moindre coût, voilà ces cadres qui se sont mis à nous gaver avec le "churning", au lieu de parler de butinage, à savoir, le choix, par les utilisateurs, de contrats tout-en-un, de changer d'opérateur sitôt qu'une offre plus alléchante voyait le jour !
    Il va sans dire que je ne me suis pas gênée pour ricaner dans ma barbe, affligée par ce manque de vocabulaire consternant qui pousse ces gens à aller voler les mots des autres ! Certes, le phénomène inverse existe aussi chez les anglophones, mais moins excessif, toutefois, et souvent,remplace un mot inexistant dans leur propre vocabulaire ! Il en va ainsi du "ménage à trois", du "rendez-vous". Là, d'accord, il n'y a rien à dire. Ces mots et concepts n'existaient pas en anglais, soit. Ils nous les ont donc empruntés. Mais nous, au lieu de remplacer par un mot d'une autre langue un terme ne recouvrant pas une situation ou une chose précise, nous PRENONS ces mots étrangers qui tendent, hélas, à remplacer les mots français pourtant existants ! C'est contre cela que je m'insurge ! Nous avons des mots, utilisons-les, et si nous n'en avons pas, inventons-les, sans avoir besoin d'aller les voler aux autres !
    Que la langue évolue, soit, mais à notre façon, et à notre rythme !
    Amicalement, Tinky :-D

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  6. Sur ce point, je partage entièrement votre avis, Tinky!

    (voir récent billet "Run").

    :)

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