Le cadre étroit dans lequel joue le système graphique de la langue ne permettait pas un nombre illimité d’améliorations. Le vice majeur de l’écriture française est qu’elle ne dispose pas d’assez de lettres pour représenter tous les phonèmes de la langue. Si l’alphabet français s’était prêté naturellement à une réorganisation orthographique d’inspiration spontanée ou populaire, il n’est pas douteux que notre orthographe elle-même n’eût continué à évoluer dans le sens de la simplification. Mais si l’on se refuse à mettre en cause l’économie générale et la référence à l’étymologie, si l’on renonce à la création arbitraire de lettres totalement nouvelles, il faut admettre que, au terme de la période considérée, la grande majorité des modifications structurelles possibles ont été réalisées.
(...) Le courant d’évolution orthographique (...) se tarit précisément parce que, dans le cadre traditionnel qui est resté le sien jusqu’au bout, il est d’une certaine façon arrivé alors presque au terme de sa course.
Chevrel, André, Histoire de l’enseignement du français du XVIIe au XXe siècle, 2006, éditions Retz, Paris, p. 129
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Notre alphabet ne se prêterait pas à une «réorganisation orthographique d’inspiration spontanée et populaire», donc? Voilà une explication qui se fracasse sur l’impitoyable évidence de faits nouveaux. Les contextes social et technologiques ont changé. On n’a jamais tant écrit. Tout le monde. Et cette «réorganisation d’inspiration spontanée et populaire» se fait... sans nous.
Chantons la langue avec Michel Rivard
Il y a 9 heures
"Et cette «réorganisation d’inspiration spontanée et populaire» se fait... sans nous. "
RépondreSupprimerA quoi faites-vous allusion, chère Pélagie ? Le "langage" sms ?
Tout juste.
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