En gougueulant «courir», boutique de sport, afin de me renseigner sur la disponibilité du fart rouge, j’ai découvert une page d’accueil rédigée en pur bilingue (rappelez-vous la
navrante présentation politique de Trudeau le Jeune).
Fresh News
Onglets supérieurs:
Fresh news,
Courir TV,
Goodies,
Shops,
Job,
Contact.
Par réflexe, je cherche rapidement le bouton «Français». Que Dalle. Poursuite de l’exploration, à gauche de l’écran:
Search. On est bien sur un site anglophone. Comment la chose est-elle possible, sachant que je gougueulai un mot français qui n’existe pas en anglais?
Collections:
Women,
Men,
Kids.
Ça continue.
Un site anglais indexé en français, donc. À quoi bon?
Tiens, non: dans les critères de recherche,
Style,
Marque,
Couleur. C’est du français ça non? Quoique
Style passe partout mais
Couleur, c’est un mot français, y a pas à tergiverser.
Ou suis-je? En quel improbable trou noir linguistique de quelle banlieue galactique du Web?
Je mate un site en franglais.
Encore par réflexe, je pense à formuler une plainte auprès d’un organisme consacré à l’application et au respect des politiques linguistiques en vigueur dans mon pays. Et puis non, c’est trop gros, je me dis que ça n’a pas pu passer, une boutique québécoise qui se moque ainsi des lois linguistiques, impossible.
Une seule explication: c’est un site français... de France.
De fait, en cherchant avec «boutique courir», je retrouve, cette fois, le site Web de la boutique montréalaise homonyme, site rédigé en français, conformément à la
Charte de la langue française ainsi qu’à une coutume locale (parfois mise à mal) qui consiste à rédiger les contenus dans la langue d’usage du public cible.
Fresh and cool
Souligner l’anglicisation de la langue des médias, et surtout de celle du travail (et du
management), en France, n’a plus rien d’original. Quelle force est à l’œuvre? Certainement pas la nécessité économique, en ce qui concerne la pub: les sites Web de boutiques françaises s’adressent au client français. Et les Français sont traditionnellement plus unilingues que le reste des Européens. D’ailleurs, eût-on visé une clientèle anglophone délocalisée, l’on eût (ouf massacré-je les modes délicats, monsieur Bréa?) plutôt choisi l’anglais que ce créole très cool hyper local de la pub française.
Quelles forces sont à l’oeuvre, donc? L’enthousiasme d’un peuple jadis ostracisé comme vieillot et sclérosé par le libéralisme américain à l’égard de la langue rythmée d’une certaine idée de ce qu’est le modernisme? Une volonté de s’affranchir du complexe d’unilinguisme pathologique? L’assurance pluri-séculaire d’être une nation forte, souveraine et linguistiquement unie, qu’aucune intrusion linguistique massive ne saurait fragiliser?
Il faut reconnaître que le Québec possède une longueur d’avance sur la France en matière de protection linguistique. Ce que vivent aujourd’hui les Français d’ambigüité, dans un contexte récent où petit peuple et petite langue devront apprendre à résister au cœur d’une mer d’anglais-langue-des-affaires mondialisée, nous le vivons à plus humble échelle, de par notre position géographique, depuis la conquête.
French is cool
C’est dans ce contexte que le célèbre linguiste et vulgarisateur français, Claude Hagège, a exprimé son admiration pour la loi 101 lors de son dernier passage au Québec :
La loi 101 québécoise devrait être “exportée” et servir de “modèle” à tous les pays qui veulent défendre et promouvoir leur langue nationale face à l’influence de plus en plus hégémonique de la langue anglo-américaine.
«Le modèle 101»,
Voir, 3 décembre 2009
Je ne me sens pas menacée par l'anglais, pourtant depuis que j'ai quitté la France, je dois admettre qu'en Suisse, il est vraiment nettement plus "cool" et "fun" d'user d'expressions en anglais. A croire que le suisse allemand ne les fait pas fantasmer :s
RépondreSupprimerSuis-je du coup plus en danger ?... Parce que je ne vois même pas les risques se profiler ? Je n'en sais rien, mais il faut dire que je n'appartiens pas du tout au monde du managment, j'en mesure peut-être moins les effets au sein de l'entreprise.
Ce que j'ai remarqué, sans doute aussi à l'image de cet anglicisation/américanisation c'est l'uniformisation des marques, des boîtes, comme s'il n'allait perdurer qu'un nestlé, kraft, et éventuellement un philip morris dans le monde. Est-ce à cause de ça ?
La tête de la team doit se faire comprendre par le staff ?...
Nous avons eu une loi "toubon", censée promotionner les artistes francophones, car on se faisait manger tout crus par les amerloques en matière de musique. Cette loi, ironiquement appelée "AllGood" a eu c'est vrai des effets, et si, sur le coup, elle fut (comme à chaque fois en France :D ) très contestée, je trouve cependant qu'elle a eu des effets positifs.
Ma foi, je n'ai rien contre... Parfois il suffit de peu...
Consternant !
RépondreSupprimerTinky, dépassée.
Si vous avez à cœur la langue de Molière, pouvez-vous faire circuler dans votre milieu!
RépondreSupprimerMerci à l'avance!
CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
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Une anglicisation fulgurante en photos et vidéos
Déjà un millier de dérogations à la Charte de la langue française!
Et ce ne sont ni des rumeurs, ni des ouï-dire, ni des peurs mal-fondées, ni des épouvantails à moineaux, ce n'est qu'un constat.
Et comme Paul Watzlawick, philosophe et grand psychanalyste, dit bien dans sa formule: "La déliquescence des cultures précède la disparition des sociétés".
« Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule. » – Pierre Bourgault
Allez constater sur ce site pour voir en totalité le millier d'infractions à la loi 101
au centre-ville de Montréal :
http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2008/montreal-anglais.html
Pour un bref apercu (si vous manquez de temps), allez visitez ce lien:
http://www.youtube.com/user/montrealenfrancais
Gilles Thompson