mercredi 3 février 2010

Bon à jeter!


Cette semaine, sur Mauvaize langue, on a parlé de participes passés pronominaux. La citation du jeudi, quoique quelques jours en retard, n'y échappera pas.

Que de complications, souvenez-vous, lecteurs. [...] Un accord qui s'effectue tantôt avec le sujet, tantôt avec le complément d'objet direct, et tantôt, inopinément, sans crier gare, échoue. Des exceptions en cascade.
[...]
La quasi-totalité de ce fatras est bon à jeter.

En regard, la linguistique stipulera que le participe passé est au fond un adjectif et qu'il s'accorde avec «le nom auquel il se rapporte». Si le se accolé au verbe est caduc, la question «qui ou qu'est-ce qui est PP?» repérera le donneur d'accord; si le se est persistant (indispensable à la forme et au sens), la question «qui ou qu'est-ce qui s'est PP».

Un zeste d'histoire montrera pour le surplus comment la loi non écrite du «moindre effort» a bloqué le donneur d'accord postposé au participe: Pierre et Marie se sont serré la main en partant; «qu'est-ce qui est serré?» la main (accord théorique du PP au féminin singulier, n'était que les copistes médiévaux, aynt laissé le PP provisoirement invarié, mais le donneur d'accord débusqué, oubliant au fil de la plume de revenir en arrière, rataient l'accord une fois sur deux, et que les grammairiens du XVIe ont coulé la tendance en doctrine).


Cerquiglini, Bernard; Corbeil, Jean-Claude et al. Le français dans tous ses états, «Décrire ou prescrire», Champs Flammarion, 2000, pp. 57-58. 

3 commentaires:

  1. Ca ne s'arrange pas. Désormais, mes participes passés s'accorderont selon ma fantaisie, ce qui m'évitera la méningite !!!
    A bientôt, Tinky, qui a le cerveau qui enfle un peu, là... :-D

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  2. Je connaissais cette anecdote (impossibilité de revenir en arrière pour accorder les PP), mais je me suis toujours demandé s'il s'agissait d'une légende linguistique.

    À mes élèves, je l'explique en disant que la rédaction sous forme de dictée (le Roi analphabète dicte, le scribe écrit et n,a pas de Liquid Paper à parchemin)interdit le retour en arrière pour l'accord des PPA.

    Mais je me demandais ce qu'on faisait quand un sujet était placé après le PPE. Ça me turlupine.

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  3. Laissons l'accord muet aux bascochiens, voilà ce que j'en dis!

    Ou mieux: si l'on tient à conserver trace d'histoire et manifestations morphologiques silencieuses dans la langue écrite, poussons le souci de conservation et de complexification vers le domaine de l'oralité, et prononçons-les, ces accords muets!

    Je déconne.

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