Comme le mentionnait Délèque cette semaine, les claviers Qwerty, Azerty et parentèle sont une aberration historique et et une insulte à la notion même d’ergonomie, conçus à une époque reculée afin de ralentir la frappe et d’ainsi épargner une technologie fragile et balbutiante. Jusque-là, je répète Délèque.
Et comme je respecte et j’estime ce Délèque, je reprendrai, dans le présent paragraphe, un juste parallèle qu’il a établi entre deux débats, dont l'un est bien entendu de nature orthographique et l’autre est créé de toutes pièces par lui, mais cela importe peu; la polémique artificielle sur la nécessité de réformer le clavier QWERTY illustre merveilleusement la dichotomie endémique qui divise l’humanité entre réflexe conservateur (
Pourquoi changer quand on est habitué?) d’un côté et pulsion progressiste (
Pourquoi ne pas améliorer un truc imparfait ou mal fichu?) de l’autre.
Et voilà. Un homme, August Dvorak, s’est dit, comme le font parfois les gens pragmatiques lorsqu’ils font face à un dispositif obsolète:
«voyons voir, repensons le système sur des bases saines, selon des principes rationnels
»:
* symboles les plus courants placés sur la rangée du milieu ;
* alternance des mains ;
* répartition du nombre de frappes entre les deux mains ;
* prévention de la surcharge des petits doigts qui font aussi les touches « système » : entrée, Maj., Ctrl, retour arrière (<—) ;
* amélioration de l’accessibilité des digrammes les plus courants.
Afin de remédier aux défauts de (Q/A)ZERTY:
* les caractères les plus fréquents ne sont pas les plus facilement accessibles ;
* à l’inverse, des caractères rares sont très accessibles ; citons pour exemple : « Z », « ; » ou « K » ;
* les lettres accentuées sont difficilement accessibles, placées sur la rangée des chiffres ;
* des caractères usuels du français ne sont parfois tout simplement pas accessibles : œ, « , », les majuscules accentués, l’espace insécable ;
* il y a un gros déséquilibre entre les deux mains (58 % de frappes pour la main gauche alors qu’il y a plus de caractères sous la main droite) ;
* aucune optimisation propre à la langue française n’a été faite.
Selon ces principes ergonomiques, Dvorak a conçu non seulement un nouveau clavier pour l’anglais, mais également une méthode pour concevoir le clavier ergonomique pour toute langue. En français, cela a donné le clavier
BEPO.
Et je vous le donne en mille, personne n'en a voulu.
Merci Délèque d’avoir lancé le sujet.
Intéressant tout ça!
RépondreSupprimerQue les gens n'aient pas voulu de BEPO, c'est plus ou moins étonnant au sens où il est compréhensible que les gens qui 'maîtrisent' déjà le doigté-clavier n'aient pas envie d'en apprendre un nouveau.
Par contre, ce qu'il serait intéressant de voir, c'est si on essayait d'instaurer ces nouveaux claviers auprès d'usagers qui n'ont pas encore appris à taper au clavier, à quel point BEPO serait vraiment plus efficace que QWERTY (ou AZERTY).
Enfin, reste aussi à se demander, dans les sociétés plurilingues actuelles, si un clavier 'optimisé' pour une seule langue est en soi souhaitable. Si je tape des textes anglais autant que des textes français sur mon BEPO, serai-je davantage ralentie par BEPO pour mes textes anglais que je ne le serais par QWERTY? Probablement pas en fait...
Reste que, même avec les meilleures intentions du monde, il est difficile de changer les habitudes des gens quand cela leur demande de fournir un effort, et on le sait. :)
Merci pour ces infos, Pélagie.
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RépondreSupprimerLes défenseurs des claviers Dvorak affirment que la maîtrise de frappe qui permet d'atteindre 40 mots à la minute exige 18h de pratique pour Dvorak contre 56 pour Qwerty. Cela n'est pas étonnant puisque le clavier est composé dans un objectif d'efficacité.
RépondreSupprimerEnfin, comme vous dites, on s'en tire avec QWERTY...
Bonjour !
RépondreSupprimerAprès quelques saines vacances, me voici de retour... Moi, j'ai appris à taper avec tous mes doigts sur un clavier AZERTY, et je tape très vite, ceci dit sans me vanter... Mais j'ai de la pratique, aussi, car j'ai le virus de l'écriture, et comme je tape plus vite que je n'écris à la main, et de manière bien plus lisible aussi, j'ai acquis une grande dextérité sur le clavier ! Je me demande ce que donne le BEPO. Ça a l'air très intéressant, en tout cas, mais c'est difficile de se défaire des acquis pour apprendre d'autres méthodes...
Amicalement, Tinky :-D
Haah tiens !!
RépondreSupprimerJe n'ai rien contre me réhabituer sur un autre clavier. Pourtant, j'ai refusé de le faire sur le clavier suisse : chaque fois que je dois poser mes doigts sur un clavier de type "allemand" en fait, je change la configuration, quitte à taper à l'aveugle mais garder mes habitudes... Moi aussi, comme Tinky, je tape vite...
Mi m'avait déjà fait part de son envie de révolutionner le clavier de piano, mais sur ce point, je ne l'ai jamais trop suivie :D Par contre, le clavier, je suis certaine qu'il y a plus efficace et plus intuitif.
Je pense que le problème vient aussi de tout ce qui se vend. Ben, un clavier d'ordi, passe encore, on le change et hop c'est fait. (habitudes mises à part)
Un téléphone avec clavier...
Un notepad
un je-ne-sais-pas-trop-quoi-trouvez-pas-qu'on-est-gavés-de-haute-technologie-quand-même?... par contre, niveau commerce, ça me semble relativement complexe.
A-t-on en stock deux types de clavier ? Encore plus ?...
Adapté à notre langue ou plus universel, le clavier, là-dessus, je pense que s'il est adapté à notre langue, il devient nettement plus facile de l'employer également pour une langue étrangère.
Et la question inutile du jour bonjour : Dvorak, c'est comme le musicien et ça se prononce Dvorjak ou bien ?...
Sur ce...